Sénégal : Comment le célèbre quotidien Le Soleil se réinvente tout en préservant son héritage ?

Le quotidien Le Soleil s’affirme depuis plus de cinq décennies comme une institution médiatique majeure au Sénégal. Fondé le 20 mai 1970 sur décision du président Léopold Sédar Senghor qui lui donna son nom, ce journal a succédé à Dakar-Matin (1961-1970) et Paris-Dakar (1933-1961), marquant une rupture significative dans l’histoire de la presse quotidienne sénégalaise.

« Le Soleil, c’est 54 ans d’histoire. Nous avons accompagné la marche de ce pays en couvrant tous les grands événements depuis l’existence du journal », affirme Lamine Niang, Directeur Général du Soleil. 

Au fil des années, le Soleil est devenu incontournable dans le paysage médiatique national. « Au Sénégal, quand on dit Soleil, tout le monde pense à journal. Donc, le Soleil est devenu le nom générique pour désigner le journal », explique Malick Ciss, Directeur adjoint de la rédaction.

« Le Soleil, c’est sa crédibilité, c’est le professionnalisme de ses journalistes. Le Soleil, c’est également la nouveauté, l’innovation », déclare Lamine Niang, Directeur Général du Soleil. Depuis sa création, le journal a su évoluer tout en restant fidèle à ses valeurs fondamentales : informer de manière juste et vraie, inspirer et éduquer.

Le quotidien dispose d’une rédaction composée d’une centaine de journalistes répartis stratégiquement. « Nous sommes présents un peu partout au Sénégal. Nous avons nos réseaux de correspondants dans les 45 départements, mais également au niveau de la diaspora », précise le Directeur Général. Cette couverture étendue permet au journal de traiter l’actualité locale, régionale, nationale et internationale à travers différents supports.

Sur le plan technique, l’entreprise dispose d’infrastructures modernes. « Nous disposons d’une unité d’impression de dernière génération où nous pouvons imprimer pratiquement tout type de document. Nous avons également notre centre de documentation où nous gardons toutes les archives », ajoute Lamine Niang. Au total, ce sont « 200 employés qui travaillent dans cette entreprise pour produire vraiment un journal de qualité ».

La réputation du Soleil repose sur la rigueur de son travail journalistique. « Nous sommes réputés pour être un journal crédible avec des journalistes professionnels qui traitent de toutes les questions » assure El Hadj Ibrahima Thiam, rédacteur en chef.

Malgré son statut d’organe public, le journal maintient une indépendance éditoriale. « Même si nous sommes un journal du service public appartenant à l’État, nous faisons notre travail avec professionnalisme », insiste le rédacteur en chef. Cette rigueur se traduit par une confiance du lectorat. Comme le résume Malick Ciss : « Si je le lis une information dans le Soleil, ça veut dire que c’est du béton, c’est vrai et c’est vérifié. »

Cette année, Le Soleil a lancé une nouvelle formule éditoriale pour moderniser son offre. « Nous avons lancé, depuis le début de l’année, une nouvelle formule du Journal Le Soleil, qui est passé de 24 à 32 pages avec de nouvelles rubriques, des reportages, des sujets de fond que nous traitons en profondeur », explique El Hadj Ibrahima Thiam. 

Les résultats semblent probants : « Nous avons vu nos ventes bondir alors qu’il y a quatre mois, nous étions dans le creux de la vague. »

Cette évolution répond à une volonté d’élargir l’audience. «  Jusqu’ici, Le Soleil était un peu perçu comme le journal des élites, le journal d’une certaine catégorie d’âge. Nous avons voulu cette fois-ci faire un journal qui touche aussi les jeunes et les femmes », précise Sidy Diop, Conseiller éditorial du Directeur Général.

La nouvelle formule met l’accent sur l’analyse plutôt que sur la simple information factuelle. « Nous faisons un quotidien qui sort avec 24 heures de décalage par rapport aux faits. Pendant que nous sortons, les informations sont déjà connues par le plus grand nombre, à cause de la concurrence des médias chauds. Il faut que l’on apporte une plus-value à l’information », ajoute Sidy Diop.

« Cette formule a beaucoup de succès. Vraiment tous les jours, nous recevons des retours de gens qui sont extrêmement satisfaits par cette formule qui a été lancée », se réjouit Sidy Diop. Ce succès se traduit également par une augmentation des ventes et des abonnements, tant sur le plan national qu’international.

Le Soleil a également renforcé sa présence en ligne. « Le Soleil, c’est aussi 27 ans de présence au niveau numérique. Aujourd’hui, nous avons pratiquement 15 millions de visiteurs qui consultent le site chaque mois », souligne Lamine Niang.

En décembre 2024, une nouvelle étape a été franchie avec le lancement d’une plateforme digitale améliorée. « Le Soleil a lancé une nouvelle plateforme web qui comprend un kiosque numérique décliné en trois formules d’abonnement : hebdo, mensuelle et annuelle. Cela permet à notre lectorat, et à la diaspora de pouvoir consulter en ligne le Journal Le Soleil partout dans le monde », détaille Bernard Niang, Directeur de la publicité.

Parmi les nouveautés, le supplément “Avenir“.« Jusqu’ici, les gens estimaient que les jeunes n’étaient pas assez pris en charge dans notre démarche éditoriale. Avenir va s’intéresser à cette tranche d’âge », explique Sidy Diop.

Ce supplément aidera les jeunes à mieux s’orienter après le baccalauréat, à choisir les filières et à mieux choisir leur métier, en leur donnant aussi des conseils en termes d’auto-entrepreneuriat.

Structuré en société anonyme à participation publique majoritaire, Le Soleil poursuit ainsi sa transformation tout en restant fidèle à sa mission originelle : offrir une information de qualité au service des Sénégalais.