Au début du mois de novembre, les autorités tchadiennes ont dévoilé plusieurs initiatives visant à moderniser le réseau national de télécommunications. Parallèlement, un autre projet ambitieux, soutenu par un partenaire technique et financier important, est en préparation.
Le 6 décembre 2024, le Premier ministre tchadien, Allah-Maye Halina, a lancé officiellement le Projet d’appui à la transformation numérique (PATN). Financé par la Banque Mondiale à hauteur de 76,45 milliards FCFA (environ 123,2 millions $), ce projet vise à renforcer la numérisation au Tchad pour réduire la fracture numérique, améliorer la connectivité et faciliter l’accès aux services publics numériques.
Pour Jana Kunicova, directrice sectorielle du numérique pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale à la Banque mondiale, le PATN permettra au Tchad de faire un bond technologique qui offrira un accès au haut débit à plus de 4,5 millions de personnes dans les zones rurales. Il permettra à 2 millions de personnes d’utiliser activement les plateformes publiques numériques, et 400 000 bénéficiaires recevront directement des formations numériques dont au moins 25 000 femmes et jeunes filles.
Le projet a été lancé quelques semaines après que Boukar Michel, ministre tchadien des Communications, de l’Économie numérique et de la Digitalisation de l’administration, a annoncé plusieurs initiatives visant à moderniser le réseau national de télécommunications et à réduire les coûts des services pour les consommateurs. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Plan stratégique de développement numérique et des postes (2020-2030), lui-même intégré au programme national « Vision 2030 ».
Selon le rapport « E-Government Survey 2024 : Accelerating Digital Transformation for Sustainable Development » publié par le département des questions économiques et sociales des Nations unies (UN DESA), le Tchad obtient un score de 0,2674 sur 1 à l’indice des services en ligne (OSI) et de 0,1194 sur 1 à l’indice des infrastructures de télécommunications (TII). Ces résultats se situent bien en dessous de la moyenne africaine, qui s’établit à 0,3862 sur 1 pour l’OSI et à 0,4534 sur 1 pour le TII.
Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), en 2022, les réseaux 3G et 4G couvraient respectivement 68% et 36% de la population tchadienne, tandis que la 2G atteignait une couverture de 86,8%. La 5G, en revanche, n’a pas encore été déployée dans le pays.
En matière de coût des services télécoms, il fallait débourser 32,7% du revenu national brut (RNB) mensuel par habitant en 2023 pour accéder au forfait mobile à large bande le moins cher, offrant au moins 2 Go de données par mois via une connexion 3G ou plus. Ce chiffre est largement supérieur à la moyenne africaine, qui s’élève à 4,9% du RNB mensuel par habitant, et dépasse de loin le seuil fixé par l’UIT pour un Internet considéré comme abordable, soit 2% du RNB mensuel par habitant.
Par ailleurs, Allah-Maye Halina a souligné l’importance d’intégrer l’intelligence artificielle dans le PATN afin de renforcer la compétitivité de la jeunesse tchadienne. Cependant, selon le rapport « Government AI Readiness Index 2022 » publié par Oxford Insights, un cabinet britannique spécialisé en intelligence artificielle et transformation numérique, le Tchad se classe 47e sur le continent (172e sur 181 pays sur le plan mondial) en matière de préparation à une adoption à grande échelle de l’IA dans le secteur public. Ce positionnement reflète des défis importants à relever pour tirer parti des opportunités offertes par l’IA.
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