Dans un contexte où le chômage des jeunes reste une priorité pour les économies africaines, le Rwanda lance un ambitieux programme de modernisation agricole. Cette initiative vise à créer des opportunités durables d’emploi pour les jeunes ruraux, tout en transformant les chaînes de valeur locales.
La semaine passée, le gouvernement rwandais a présenté un plan d’investissement agricole de plus de 330 millions de dollars destiné à renforcer plusieurs filières stratégiques. L’objectif est d’attirer les capitaux privés, de stimuler la productivité et de générer un volume important d’emplois, en particulier pour les jeunes.
Concrètement, le projet prévoit le renforcement de la productivité de plus de 83 000 hectares, la construction d’usines modernes, ainsi que le développement de l’élevage et de la transformation agroalimentaire. Ces initiatives devraient bénéficier, directement ou indirectement, à plusieurs centaines de milliers de Rwandais. Elles s’inscrivent dans le cinquième Plan stratégique national pour la transformation de l’agriculture (PSTA 5).
Selon le ministre de l’Agriculture et des Ressources animales, Mark Cyubahiro Bagabe, ce programme vise à transformer le marché du travail rural, en s’appuyant sur des secteurs où les jeunes sont historiquement présents, mais souvent marginalisés. Il mise non seulement sur les infrastructures, mais aussi sur le renforcement des compétences.
En effet, la construction d’usines et le développement de fermes modernes suscitent une forte demande de main-d’œuvre qualifiée, stimulant ainsi la formation technique et professionnelle. L’essor des filières agro-industrielles génère également de l’emploi indirect dans la logistique, le transport et la distribution.
Cette stratégie intervient alors que le Rwanda enregistre un taux de chômage des jeunes estimé à 21 % en 2024, selon la Banque mondiale. Dans un pays où l’agriculture occupe entre 70 et 80 % de la population active, la modernisation du secteur constitue un levier essentiel pour favoriser l’insertion professionnelle.
Au-delà de l’emploi, cette politique agricole s’intègre dans une vision plus large de développement durable et de sécurité alimentaire. Elle s’appuie sur des investissements ciblés, un accompagnement renforcé et une volonté d’adapter l’offre de formation aux besoins réels du terrain.
À terme, le succès de cette démarche dépendra de la capacité à articuler formation professionnelle, accès au crédit et insertion des jeunes dans les chaînes de valeur. Des expériences similaires, comme au Kenya, ont montré que des dispositifs combinant apprentissage technique et facilités de financement permettent de transformer les ambitions en résultats concrets.
Le pays des mille collines devra donc renforcer ses centres de formation agricole et encourager les partenariats public-privé pour maximiser l’impact économique et social de ce programme structurant.
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