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Agence Ecofin
24 août 2025 Dernière mise à jour le Dimanche 24 Août 2025 à 07:48

Privé d’accès aux marchés financiers internationaux et confronté à une dette publique désormais estimée à 119% du PIB, le Sénégal change de cap. Le 1er août, le Premier ministre Ousmane Sonko a dévoilé un ambitieux plan de relance économique à 5667 milliards FCFA (environ 10 milliards USD) baptisé « Jubbanti Koom », misant à 90% sur un financement domestique.

Objectif affiché : réduire le déficit budgétaire évalué à entre 12% et 14% du PIB en 2024, à 3% d’ici 2027. « Nous avons hérité d’un modèle structurellement insoutenable » a lancé le chef du gouvernement devant la presse. « Nous n’aggraverons pas notre dette. Nous n’avons pas besoin du FMI ».

Pourtant, une mission du Fonds monétaire international est attendue ce mois-ci à Dakar. L’institution n’a pas effectué de décaissement depuis septembre, après la révision brutale des chiffres de la dette et du déficit par les nouvelles autorités. Le Premier ministre a d’ailleurs reconnu devant l’Assemblée, le 14 avril, que les besoins de financement pour 2025 atteindraient 1195 milliards FCFA, mais pourraient baisser à 155 milliards d’ici 2029… à condition qu’un nouvel accord soit trouvé avec le FMI.

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En attendant, le Sénégal s’est résolument tourné vers le marché régional. Selon l’Agence UMOA-Titres, 1262,5 milliards FCFA ont été levés au premier semestre 2025, soit une hausse de 267% en glissement annuel. Une stratégie qui permet de boucler le budget, mais qui alourdit la facture : le service de la dette a bondi de 44,5% au quatrième trimestre 2024, et de 23,98% début 2025, atteignant près de 1,4 milliard USD sur neuf mois.

Malgré ces tensions, l’exécutif garde le cap. La croissance a atteint 12,1% au premier trimestre, portée par les premières exportations de pétrole du champ de Sangomar. Les recettes fiscales ont progressé de 11,6%, celles non fiscales de 24,4%. Le gouvernement table sur 8% de croissance en 2025 avec l’entrée en production du gaz de GTA.

Pour renforcer cette dynamique, 37 mesures fiscales et structurelles sont prévues : fusion ou suppression d’agences publiques, gel des missions à l’étranger, rationalisation des dépenses d’eau et d’électricité, etc. Le plan entend aussi taxer davantage les secteurs sous-fiscalisés : services numériques, jeux d’argent, mobile money, immobilier, etc. Le recyclage d’actifs publics devrait rapporter plus de 1100 milliards FCFA sur la période.

Mais les critiques fusent. « L’État investit moins mais taxe davantage » regrette l’ancien député Thierno Bocoum. Les investissements publics ont en effet chuté de plus de 30% au premier trimestre. L’opposition dénonce une pression fiscale sur les plus modestes : « Même les abonnés à Netflix seront taxés » ironise l’élu Abdou Mbow.

La note souveraine du pays a été abaissée en juillet par S&P, qui prévoit un déficit de 8,9% en 2025, supérieur à la cible gouvernementale. Les arriérés envers les entreprises privées restent non réglés. Pour Sonko, il ne s’agit pas d’un simple ajustement budgétaire, mais d’un « projet de refondation » économique. Reste à savoir si le pari de l’autonomie financière peut réussir sans appui extérieur.

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