#Paiement #Zambie
Denys Bédarride
27 octobre 2020 Dernière mise à jour le Mardi 27 Octobre 2020 à 15:30

La Zambie n’a pas honoré le paiement d’un intérêt attendu de ses créanciers internationaux le 14 octobre 2020. Une situation qui place de fait, le pays en défaut de paiement. D’autres pays africains connaissent les mêmes fragilités que la Zambie.

La Zambie est de fait, en situation de défaut de paiement sur sa dette internationale. Le deuxième pays producteur de cuivre en Afrique, selon des sources citées par Bloomberg, n’aurait pas effectué le paiement des intérêts de 42,5 millions $ qu’attendaient les investisseurs de ses trois eurobonds le 14 octobre 2020, a-t-on appris.

Le défaut n’est pas encore officiellement constaté, car le pays jouit d’un délai de grâce de 30 jours pour s’ajuster. Passé ce délai, les créanciers exigeront le remboursement de la dette. Si la situation se confirme, ce serait la première fois que le pays se retrouverait en situation de défaut de paiement. Mais dans le contexte actuel, ce sera le premier non-remboursement de dette constaté en raison de la covid-19.

La Zambie a récemment sollicité de ses créanciers qu’ils lui accordent un délai de 6 mois pour se faire un peu de trésorerie et recommencer à payer le service de sa dette internationale. Mais une majorité de ses créanciers ont refusé d’accéder à cette demande, exigeant que le pays trouve un accord avec le Fonds monétaire international (FMI). Or, l’institution de Bretton Woods exige systématiquement aux pays d’Afrique subsaharienne de rendre leurs dettes soutenables.

Cela suppose de réduire des dépenses publiques et de prendre un ensemble de mesures budgétaires que ne peut se permettre le président zambien, Edgar Lungu (photo), à 10 mois de l’élection présidentielle. Le FMI et le Groupe de la Banque mondiale exigent des pays africains une preuve de transparence sur leur dette avec la Chine. Un défi difficile à surmonter, car Pékin n’entend pas se plier à ce type d’exigence.

Le cas zambien est suivi par de nombreux pays de la sous-région et pourrait provoquer un effet boule de neige. Le pays est désormais sur la défensive et a averti la Chine qu’il ne cèderait à aucune pression concernant sa dette.

De nombreuses personnes au sein de l’opinion publique critiquent ce bras de fer entre Chinois et Occidentaux sur la dette africaine. Sur plusieurs paramètres, la région est la moins endettée du monde que ce soit sur le plan du stock de la dette, de l’encours par rapport au PIB que de la dette par habitant.

La région a aussi reçu très peu d’aides du FMI, malgré le risque économique qui pèse sur ses 1,3 milliard d’habitants. Les 16 milliards $ sont bien inférieurs aux plus de 63 milliards $ accordés à l’Amérique latine.

Dans les pays développés, on n’a pas encore recensé des défauts de paiement. Mais une hypothèse concordante explique que c’est parce que leurs banques centrales rachètent d’importantes quantités de dettes publiques sur les marchés, les transformant officieusement en emprunts permanents.

Le FMI les a même encouragés à s’endetter davantage afin d’investir sur de nouvelles infrastructures ou d’entretenir celles qui existent afin de relancer la croissance. Une recommandation qui tranche avec les discours d’austérité budgétaire prescrits aux pays pauvres, dont ceux de l’Afrique subsaharienne.

Source Agence Ecofin

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