Ces dernières années, les nombreux emprunts extérieurs réalisés par le Kenya pour mettre en œuvre ses projets d'infrastructures ont fait peser des risques sur ses finances publiques. Une situation rendue compliquée par la covid-19, alors même que plusieurs de ces prêts arrivent à échéance.
Au cours de l’année 2020, la part des investisseurs étrangers dans la dette publique kényane a augmenté de plus de 22%, soit plus de 6,2 milliards $. C’est qu’a constaté l’Agence Ecofin suivant des statistiques hebdomadaires publiées par la Banque centrale du pays.
Selon les chiffres de l’institution, la dette publique extérieure du Kenya est passée de 3106 milliards de shillings kényans (KES) soit 28,2 milliards $ en 2019, à 3793 milliards KES (34,4 milliards $) à fin 2020.
Désormais, les investisseurs étrangers détiennent près de 52% de la dette publique kényane contre environ 51% en 2019. Si la part des créanciers bilatéraux et multilatéraux n’a pas été clairement définie dans le rapport, il faut noter que l’année dernière, le pays a eu recours à de nombreux financements extérieurs pour lutter contre la covid-19, mais également pour poursuivre ses importants chantiers infrastructurels.
En mai 2020, la Banque mondiale avait ainsi approuvé un financement de 1 milliard $ en faveur du Kenya pour renforcer la lutte contre le coronavirus et soutenir l’économie, quelques jours seulement après un décaissement de 739 millions $ du FMI dans le même sens.
Cependant, la dette extérieure kényane reste également grandement tributaire des créanciers bilatéraux, dont un en particulier, la Chine. D’après des chiffres relayés par Bloomberg le mois dernier, l’empire du Milieu est le deuxième créancier extérieur du Kenya, avec environ 21% de la dette extérieure du pays, juste derrière la Banque mondiale avec 25%.
Il faut souligner que le pays a également eu recours plusieurs fois au marché international de la dette pour financer ses projets, à travers l’émission d’eurobonds.
Alors que des inquiétudes persistent sur la gestion de la dette commerciale extérieure, les autorités ont promis de trouver une solution pour réduire l’exposition de la dette publique aux investisseurs étrangers.
« Le gouvernement s’oriente vers une reconfiguration de son portefeuille de dettes extérieures ; ce qui aura évidemment des conséquences sur le financement de ces dettes », a indiqué Patrick Njoroge, gouverneur de la Banque centrale du pays.
Pour l’instant, la dette publique continue de grimper. Elle est passée de plus de 54,9 milliards $ (6048 milliards KES) en 2019 à plus de 66 milliards $ (7281 milliards KES) en 2020, ce qui représente une progression de 20,3% en glissement annuel.
Même si elle a aussi augmenté en 2020, passant de 26,7 milliards $ (2942 milliards KES) à 31,6 milliards $ (3488 milliards KES), la dette publique intérieure a vu sa part dans la dette publique totale baisser de 49% à 48%.
Pour rappel, en janvier 2021, le pays dirigé par Uhuru Kenyatta a réussi à obtenir des moratoires sur le remboursement de près de 600 millions $ de dettes dus à plusieurs de ses créanciers extérieurs.
Cette stratégie devrait permettre aux autorités d’utiliser des ressources financières initialement destinées au service de la dette pour relancer l’économie, dont la croissance continue de pâtir de la pandémie de covid-19.
Source Agence Ecofin
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