L’Afrique du Sud, seul pays émergent et membre du G20 en Afrique, vit des moments difficiles. Son leadership en termes de création de valeur ajoutée sur le continent noir est contesté par le Nigeria et l’Egypte. Les investisseurs expriment leurs inquiétudes.
L’Afrique du Sud devrait perdre sa place de deuxième économie d’Afrique en termes de produit intérieur brut (PIB), selon des calculs faits par l’Agence Ecofin sur la base des prévisions économiques du Fonds monétaire international (FMI) revues début avril 2021.
Pris en dollars et au cours actuel, l’économie de ce pays devrait cette année connaître un flux de valeur ajoutée de l’ordre de 329,5 milliards $. Cela le classe en troisième position derrière l’Egypte qui elle, devrait sur la même période réaliser un PIB de 394,28 milliards $.
Le Nigeria est seul désormais en tête de classement avec un PIB prévisionnel de 514 milliards $. Jusqu’en 2026, les prévisions du FMI maintiennent cet ordre.
Le Nigeria devrait générer un PIB cumulé de 4346,5 milliards $ tandis que l’Egypte le secondera (2926,7 milliards $). L’Afrique du Sud reste à la troisième place, avec un PIB attendu sur la période à seulement 2179 milliards $. L’époque où l’Afrique du Sud trônait à la tête des économies africaines semble révolue.
Les investisseurs étrangers qui ciblent le marché financier et celui des capitaux de ce pays, semblent avoir eu cette information en amont.
Selon des statistiques mensuelles publiées par la Banque centrale sud-africaine, ils ont été vendeurs nets (plus de ventes que d’achats) des obligations et des actions cotées sur la Bourse de Johannesburg, avec pour l’Afrique du Sud, une perte de 11,5 milliards de rands (786,6 millions $) au cours du mois de février 2021, la première depuis novembre 2020.
La cession des actions se justifie par les faibles rendements que procure désormais la Bourse de Johannesburg, avec au mois de février, un gain de 1,2% pour chaque unité de monnaie investie sur ce marché financier. Les investisseurs ont aussi cédé pour 3,3 milliards $ d’obligations émises en monnaie locale depuis la mi-février 2021, selon l’Institute for International Finance (IIF).
Une situation qui devrait accroître la pression sur la capacité du pays à importer. Le désamour des investisseurs internationaux pour l’Afrique du Sud n’est pas un problème pour ce seul pays qui sert en réalité d’ancrage pour plusieurs d’entre eux qui souhaitent s’offrir le vaste marché africain.
Une perte des capacités d’investissement dans cette économie ne manquerait pas d’avoir un impact sur les stratégies d’expansion sur tout le continent.
Malgré des retours d’expérience pas toujours agréables comme ceux de Tiger Brand, Shoprite et MTN, les grands groupes sud-africains n’ont d’autres choix que de trouver un espace qui leur permet de contenir les faibles marges en Afrique du Sud.
Cela a marché pour le groupe Standard Bank qui a réalisé en 2020 plus de la moitié des revenus de ses activités sur le reste de l’Afrique. Mais pour cela, il faudra faire avec la concurrence du Nigeria, du Maroc et dans une certaine mesure du Kenya en Afrique de l’Est.
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