Au Kenya, le gouvernement a entrepris depuis quelques années le développement de l’industrie manufacturière en mettant à profit diverses filières comme le cuir. Si dans ce secteur, plusieurs mesures ont été prises, certaines sont impopulaires.
Au Kenya, la taxe additionnelle appliquée depuis le 1er juillet dernier sur chaque paire de chaussures importée vient d’être supprimée. C’est ce qu’a indiqué dans une lettre adressée à l’Administration fiscale (KRA), Ukur Yatani, secrétaire au Trésor. La mesure fiscale prévoyait le prélèvement sur chaque paire de chaussures entrant sur le territoire, soit 1,5 $ sur les articles en cuir et 1 $ sur les accessoires de sport.
Ceci, en plus du Tarif extérieur commun (TEC) de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) qui fixe un droit de 25 % sur les chaussures entrant dans le marché commun. La disposition avait pour objectif de renforcer la protection de l’industrie de la concurrence à bas prix et de stimuler la manufacture locale à travers la valorisation du potentiel important en cuir du pays. Cependant, elle a rencontré de multiples protestations des grossistes.
Ceux-ci ont estimé que le nouveau prélèvement a poussé le montant versé à la douane pour l’achat d’un conteneur de 40 pieds à 8 millions de shillings contre 2 millions de shillings auparavant. Pour les importateurs, le fardeau fiscal était en outre répercuté sur toute la chaîne de distribution et pénalisait également les consommateurs alors que la pandémie de coronavirus a déjà fragilisé leur pouvoir d’achat.
Au-delà des acteurs commerciaux, le Sénat estimait également que la mesure désavantageait les opérateurs kenyans dans un contexte où les 5 autres pays de la CAE (Burundi, Ouganda, Rwanda, Tanzanie et Soudan du Sud) ne l’appliquaient pas encore en dépit de sa dimension régionale.
D’après certains analystes, ce revers est une nouvelle manifestation de la position délicate de l’exécutif, pressé par les industriels de prendre des mesures fiscales afin de protéger un secteur du cuir encore embryonnaire qui prendra encore du temps pour se développer.
Dans le même temps, les consommateurs demandent un accès à des articles à bas prix qui proviennent majoritairement des achats sur le marché international. Pour rappel, le Kenya est actuellement un importateur net de chaussures avec des achats estimés à 6 milliards de shillings par an (55 millions $).
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