Ces dernières semaines, l’UE a multiplié les accords visant à sécuriser les approvisionnements en gaz africain. Une manœuvre qui met en péril les stratégies de limitation du réchauffement climatique et son impact sur l’insécurité alimentaire.
Plusieurs ONG basées en Afrique ont exprimé dans une déclaration faite à Abuja, la semaine dernière, leurs inquiétudes quant à la stratégie énergétique menée par l’Union européenne (UE) pour remplacer une partie de ses approvisionnements en provenance de Russie par du gaz africain. Une politique jugée dangereuse, en ce qu’elle risque de freiner l’atteinte des objectifs climatiques mondiaux tout en renforçant la crise alimentaire en Afrique, déjà très grave.
« Il est imprudent que l’Union européenne demande à accéder à plus de ressources gazières en Afrique pour alimenter sa dépendance aux combustibles fossiles », a déclaré Landry Ninteretse, membre de l’antenne Afrique de l’ONG américaine 350.Org.
Déjà avant la crise en Ukraine, la forte demande consécutive à la reprise économique post-Covid exerçait une grosse pression sur les chaînes d’approvisionnement mondiales. L’offre alimentaire et en produits divers peinait à suivre la demande, en raison des coûts élevés de la logistique et du fret maritime.
Plusieurs perturbations dans les récoltes avaient également été enregistrées à cause des mauvaises conditions météorologiques, ce qui exerçait une forte pression sur les prix des denrées alimentaires.
La situation s’est aggravée avec le début de la crise en Ukraine, qui a vu les prix du blé et du gasoil s’envoler, le gasoil étant utilisé pour mécaniser l’agriculture dans plusieurs régions du continent.
Pour le directeur de Health of Mother Earth Foundation et d’Oilwatch Africa, le Dr Nnimmo Bassey, « il est temps que les énergies renouvelables soient au cœur des politiques énergétiques mondiales. L’Ukraine n’est pas seulement un signal d’alarme, c’est une révélation au cœur de l’Europe. Au lieu de cela, le continent, tel un drogué, se tourne vers l’Afrique dans ce qui s’apparente tout simplement à une quête irréfléchie, obstinée, aveugle et coloniale à la recherche du profit aux dépens des peuples d’Afrique, du continent et de la planète entière ».
Un avis partagé par l’activiste Nick Bryer qui a indiqué que la mise en œuvre d’une telle politique est contraire aux objectifs globaux visant à limiter l’émission de gaz à effet de serre, via des investissements massifs dans les énergies renouvelables.
Pour Collin Rees, directeur de l’ONG Oil Change International, l’UE devrait œuvrer à favoriser une utilisation à grande échelle des énergies propres et renouvelables non seulement sur le Vieux continent, mais également à travers le monde. Une occasion pour elle de jouer un rôle de premier plan dans l’écosystème mondial visant à faire face à l’urgence climatique et énergétique mondiale.
« Toute autre attitude sera considérée comme un crime climatique et écologique délibéré », a martelé Nnimmo Bassey.
Réagissez à cet article