Lors d'une rencontre avec le patronat, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, à la tête de la transition militaire gabonaise, s'est engagé à résoudre 4 des 13 défis soumis par les entrepreneurs. Le processus de réalisation de ces engagements reste à préciser, mais en attendant le patronat a applaudi les annonces faites.
Lors de sa première rencontre publique avec le secteur privé, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, qui préside la transition au Gabon suite au coup de force du 30 août dernier, a affirmé son engagement à résoudre en priorité 4 des 13 défis qui lui ont été soumis par le patronat. Il s’agit de la privatisation de la gestion des deux caisses de prévoyance sociale (CNSS et CNGAMS), le renforcement de l’intégrité dans les procédures budgétaires et comptables, le remboursement de la dette intérieure et le recours systématique au système bancaire pour financer les projets.
Les images de la rencontre ont montré des représentants du patronat debout, et applaudissant ces différentes annonces. Toutefois, il reste à déterminer si les propositions retenues étaient les plus pertinentes pour les chefs d’entreprise du Gabon. Par exemple, le remboursement de la dette intérieure est un processus déjà en cours.
Dans une analyse publiée le 4 août par l’agence de notation Fitch Ratings, il était indiqué que le gouvernement était sur le point de réduire la dette publique intérieure de 64,7% du Produit Intérieur Brut en 2021 à 55,7% fin 2023. La transition suggère que les remboursements se poursuivront, mais elle a laissé entendre qu’ils ne bénéficieront qu’aux créanciers légitimes suite à des vérifications.
La privatisation des institutions de prévoyance sociale est une demande du patronat gabonais datant de plus de deux ans, et son principe avait été accepté par le précédent pouvoir. Le début du processus était prévu après le 31 juillet, date de fin de l’administration provisoire de la CNSS et de la CNGAMS.
Les détails de ce processus restent cependant à être définis. Dans une interview accordée à la chaîne Gabon 24 en juin 2022, Patrick Ossi, alors à la tête de la CNSS, avait évoqué des problèmes allant d’une gestion peu transparente à des défis structurels comme le non-paiement des cotisations par les entreprises, tant publiques que privées. La gestion du passif généré par ces deux problèmes influencera la décision finale des acquéreurs privés.
Quant au recours systématique au secteur bancaire pour financer les projets d’infrastructure, l’initiative semble ambitieuse. Comme pour le secteur bancaire de la CEMAC, la capacité des banques commerciales à soutenir de telles initiatives est limitée par les réglementations, qui n’offrent pas la flexibilité nécessaire pour investir dans des projets à long terme.
De plus, de nombreux projets d’infrastructure en Afrique nécessitent d’importantes ressources en devises, que les banques locales n’ont pas toujours et qu’elles ne peuvent pas facilement obtenir en raison de réglementations restrictives. Le secteur bancaire gabonais reste limité dans son intervention sur la dette du pays. Pour le dernier emprunt obligataire, la contribution du Cameroun a atteint 42,7%.
Globalement, il sera intéressant de voir comment ces engagements évoluent dans le temps. Les nouveaux dirigeants du Gabon n’ont pas encore indiqué la durée de la transition ni si le pouvoir sera ensuite remis à des civils. En attendant la nomination d’une équipe dirigeante, tout porte à croire que nous sommes davantage dans une continuité que dans une rupture. À la Bourse de Paris, certains investisseurs misent sur ce scénario.
La valeur des actions de Maurel & Prom, Eramet et Total Energies Gabon, entreprises actives dans le pays et cotées sur ce marché financier, ont commencé à remonter après une chute significative à la suite des informations sur le coup d’État. Cela pourrait signifier que l’inquiétude cède la place à une plus grande confiance, bien que les valeurs restent en dessous des niveaux d’avant le putsch.Voir la video : https://youtu.be/qCagfzbsXOA?si=aJI08-1wY7ZIDruf
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