De 2010 à 2022, le Gabon a affiché un excédent commercial solide, boosté par les réformes et la diversification économique. L’arrivée au pouvoir d’un groupe de militaire qui promet des changements, questionne la gestion future de ces acquis économiques.
Pour la septième année consécutive depuis 2016, le Gabon a occupé, en 2022, le premier rang africain en termes de balance commerciale rapportée au produit intérieur brut, selon des données officielles consultées par l’Agence Ecofin. En 2022, l’excédent commercial du pays représentait 44,7% de son produit intérieur brut, un niveau historique qui n’avait jamais été atteint.
Une analyse des tendances montre que sur la période allant de 2010 à 2022, la balance commerciale cumulée du pays a atteint les 62,2 milliards $. C’est 1,6 fois les 39,54 milliards $ de balance commerciale cumulée pour les trois décennies précédentes.
Cette solide performance des exportations gabonaises et de leur poids sur le produit intérieur brut du pays coïncide avec une période marquée par des réformes publiques mises en œuvre par l’administration en place depuis 2010.
On peut citer à cet effet le Plan Stratégique Gabon Émergent (PSGE) : lancé en 2009, ce plan visait à libérer l’économie gabonaise de sa dépendance à l’égard du pétrole. Le PSGE a mis l’accent sur trois piliers : les services, l’industrie et l’agriculture. Cette diversification a contribué à stabiliser la balance commerciale, car le pays est devenu moins dépendant des fluctuations des prix du pétrole.
Aussi, le Gabon, durant cette période, a investi dans les infrastructures, notamment les routes, les ports et les aéroports, facilitant ainsi le commerce et l’exportation. Le pays a aussi encouragé la transformation locale de ses matières premières, notamment le bois et les minéraux, ajoutant de la valeur avant l’exportation. Il est ainsi devenu un exportateur d’huile de palme et de bois semi-transformés.
On attribue aussi cette progression du Gabon au renforcement de ses relations commerciales avec de nouveaux partenaires clés, dont la Chine, le Commonwealth et l’Inde, ouvrant de nouveaux marchés pour ses produits.
Enfin, malgré les tensions apparues à la suite des deux précédentes élections, la stabilité relative du Gabon depuis 2010 a créé un environnement propice aux investissements étrangers.
Si la stratégie de diversification a apporté des résultats indéniables sur le plan macroéconomique, elle n’aura pas suffi sur le court terme à convaincre de nombreux Gabonais qui approuvent le coup de force militaire.
Aujourd’hui, le pouvoir militaire de transition multiplie les rencontres et les promesses et semble faire l’unanimité. Reste à voir comment seront gérés les acquis de la diversification et de l’industrialisation amorcées par le pays ces dernières années.
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