Depuis 2018, le Ghana est le premier producteur africain d’or, à l’exception de l’année 2021 où l’Afrique du Sud a récupéré un titre qu’il a détenu sans partage pendant plusieurs décennies. La dynamique à long terme reste néanmoins en faveur de l’ex Gold Coast, selon un récent rapport d’Ecofin Pro.
La production d’or du Ghana et de l’Afrique du Sud présente deux dynamiques différentes depuis quelques années, avec une pente ascendante du côté de l’ex Gold Coast et une tendance à la baisse dans la nation arc-en-ciel. C’est ce que confirme la lecture d’un rapport publié le 12 octobre par Ecofin Pro, la plateforme de l’agence Ecofin dédiée aux professionnels.
Intitulé « Comment le Ghana a ravi à l’Afrique du Sud le titre de producteur d’or africain No1 », le document précise que le Ghana est redevenu le premier producteur africain d’or en 2022, après avoir perdu ce statut au profit de son rival sud-africain en 2021. Un accident de parcours à en croire notre confrère Louis-Nino Kansoun, auteur du rapport. Il indique en effet que la production d’or du Ghana est passée de 17 tonnes en 1990 à 105 tonnes en 2021. Elle s’est même stabilisée au-dessus de 125 tonnes à partir de 2016, avant d’attendre un pic à 149 tonnes en 2018, année où le Ghana a dépassé pour la première fois la nation arc-en-ciel.
Dans le même temps, l’Afrique du Sud a vu sa production d’or chuter progressivement pour tomber à moins de 100 tonnes sur deux des trois dernières années alors qu’elle produisait 605 tonnes en 1990, année où le pays était encore le leader de la production mondiale d’or.
Des défis persistants dans les deux pays
Au nombre des raisons qui ont contribué à la baisse de performance de l’industrie minière sud-africaine, le rapport mentionne la difficulté à extraire de l’or. Les mines d’or sud-africaines sont vieillissantes et il faut creuser de plus en plus profondément pour récupérer le précieux minerai, ce qui entraine des coûts plus élevés. À cela il faut ajouter les problèmes de logistique et d’électricité qui touchent l’ensemble du secteur minier local.
Transnet, société nationale chargée de transporter les minéraux vers les ports d’exportation, fait notamment face à l’insuffisance de locomotives et les vols massifs de câbles. En raison des problèmes des centrales à charbon fournissant la majeure partie de l’électricité dans le pays, les opérations minières fonctionnent 20 à 30% en dessous de leur capacité, indique le Minerals Council. En conséquence, le secteur aurifère a perdu de son attractivité pour les investisseurs et certaines compagnies ont entrepris de quitter le pays ou de se diversifier, à l’instar d’AngloGold Ashanti ou de Sibanye-Stillwater.
Quant au Ghana, s’il connait une forte croissance de sa production d’or ces dernières années, il doit encore gérer plusieurs défis. Selon le rapport, la gestion de l’exploitation aurifère artisanale demeure le problème le plus épineux à régler, en raison de la présence dans ce secteur de nombreux acteurs opérant dans l’illégalité. Les autorités tentent d’en venir à bout en associant répression, sensibilisation et mise en place d’alternative pour les artisans miniers.
Quelles perspectives pour l’or au Ghana et en Afrique du Sud ?
Au Ghana, plus de 90% de la production minière provient du sous-secteur de l’or. L’or joue donc un rôle prépondérant dans la contribution de 7,6% au PIB enregistrée pour le secteur minier en 2022. Pour accroitre cette contribution, les autorités ghanéennes misent non seulement sur la hausse de la production d’or, mais aussi sur diverses mesures. Il s’agit de la création d’un ETF adossé à l’or au niveau de la bourse locale, de la construction d’une raffinerie ou encore de l’utilisation des réserves d’or pour sauvegarder les réserves nationales de change.
En Afrique du Sud, la contribution du secteur minier au PIB y est stable à un peu plus de 7% ces dernières années. Pour l’augmenter, le rapport suggère aux autorités de s’attaquer aux problèmes qui nuisent à l’attractivité du secteur minier local, en renforçant la main-d’œuvre et les infrastructures. Il faudra aussi en finir avec les problèmes de délestage chroniques dans le pays.
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