La RDC s’est réengagée à mener des réformes pour transformer structurellement son secteur agricole, et à lancer une taskforce incluant les parties prenantes et plusieurs départements ministériels pour assurer l’exécution des recommandations du Forum. Ceci dans l’esprit « Revanche du sol sur le sous-sol » porté par le pays qui souhaite réduire sa dépendance économique au secteur minier.
Le DRC Agribusiness Forum (Forum sur l’agribusiness en République démocratique du Congo) tenu il y a quelques jours à Kinshasa a été conclu sur 3 points importants. Cet événement qui a vu la participation de la Société financière internationale (SFI) et de la BAD a d’abord révélé l’ambition du gouvernement congolais d’investir 6,6 milliards USD sur 10 ans pour réussir à « nourrir l’Afrique » dans le cadre de son Programme de transformation de l’agriculture.
« Avec ses 80 millions ha de terres arables, 4 millions ha de terres irrigables, sa diversité climatique permettant l’exploitation agricole sur toute l’année, ses 7% à 8% de l’eau douce exploitable du monde, ses pâturages d’environ 125 millions ha avec une capacité de charge de 40 millions de têtes de gros bétail, l’importance de sa population notamment jeune et féminine, la RDC a indéniablement les moyens d’être le grenier de l’Afrique, l’épicentre de l’industrie agricole continentale et aussi un vivier de prospérité » a affirmé le DG adjoint de la BAD pour l’Afrique centrale et son responsable pays pour le Congo, Solomane Koné.
Le 2ème point a été la présentation du Pacte national de l’alimentation et de l’agriculture issu du PTA congolais et conclu en janvier à Dakar au cours du Sommet sur la souveraineté alimentaire et la résilience organisé par la BAD et l’Etat sénégalais. « À la demande de la RDC, la BAD consacrera la totalité des allocations disponibles du pays au cours du cycle du FAD-16 en 2023-2025, au soutien des opérations d’appui au PTA qui constitue l’épine dorsale du Document de stratégie pays de la Banque pour la RDC les 5 prochaines années » a annoncé Serge N’Guessan, DG Afrique centrale de la BAD.
Le 3ème point a consisté en l’émission de 5 recommandations majeures visant à développer les chaînes de valeur agricoles. Ces recommandations s’énumèrent comme suit :
- L’implémentation d’un fonds souverain de soutien à l’agriculture et de centres d’agrégation visant à soutenir les petits investisseurs agricoles ;
- L’adoption d’une approche par filière agricole et par projet, avec un véritable appui gouvernemental pour relancer le secteur, se traduisant entre autres en mise à disposition d’infrastructures socio-économiques de base et énergétiques, ainsi que de facilités administratives et fiscales ;
- La limitation à un plafond de 25% de la valeur de l’activité tous les frais et impôts relatifs à la production et à l’exportation ;
- L’harmonisation du cadre réglementaire du secteur, notamment les textes portant principes fondamentaux relatifs à l’agriculture, les lois sur les partenariats publics-privés et celles sur les zones économiques spéciales ;
- Le renforcement des capacités de gouvernance des entités territoriales décentralisées du secteur pour une appropriation et une application plus efficaces de l’approche chaînes de valeur et agriculture durable, ainsi que des mécanismes de garantie et d’atténuation des risques dans l’accès aux financements.
Pour rappel, le Forum visait à dynamiser l’agribusiness et stimuler l’investissement privé dans les chaînes de valeur agricoles pour développer l’agriculture au Congo. Il a vu la participation plus de 28 pays et 700 personnes, dont des officiels, des chefs d’entreprises publiques comme privées, des partenaires techniques et financiers et bien entendu d’acteurs de diverses filières agricoles.
Au menu des discussions enrichies par la Banque africaine de développement, le rôle des infrastructures énergétiques et de transport dans le développement de l’agribusiness, celui des PPP (partenariats public-privé), les approches de solution pour parvenir à une agriculture viable pour les populations africaines, la filière manioc en particulier et son potentiel, ainsi que les défis opérationnels pour améliorer la résilience globale de l’agro-industrie sur le continent.
Réagissez à cet article