Des achats d'hydrocarbures, l’euro plus fort ont contribué à doper cette position. Les chiffres suggèrent aussi que dans sa stratégie commerciale africaine, la France reste très diversifiée au-delà de ses partenaires historiques d'Afrique francophone au sud du Sahara.
Au premier trimestre 2024, la France est devenue le premier client du Nigeria, avec des importations de 2125 milliards de nairas (1,4 milliard $), soit 11,05% des exportations nigérianes. Elle devance pour la première fois l’Espagne, en tête ces cinq dernières années, et les Etats-Unis.
Si la tendance se confirme, les achats français au Nigeria pourraient dépasser les 4,7 milliards $ de 2023, selon l’International Trade Center. Ce volume positionne aussi la France comme meilleur partenaire commercial du Nigeria sur la période, avec un excédent de 1,2 milliard $.
L’Europe a toujours été en tête des clients du pays le plus peuplé d’Afrique, en raison des achats de pétrole exploité par des compagnies européennes. Les hydrocarbures représentent 88% des achats français et dominent chez tous les partenaires du top 10, dont la Côte d’Ivoire voisine dans la CEDEAO. La dépréciation du naira a contribué à gonfler les chiffres au premier trimestre, pris en monnaie locale.
Sur ce marché, l’euro, plus fort que le dollar, renforce la position des pays de la zone euro lors de la conversion. Premier client, la France n’est pas premier fournisseur, place occupée par la Chine qui se renforce.
Historiquement, la France a toujours été un acheteur de matières premières nigérianes quand des pays, comme le Royaume-Uni, étaient fournisseurs. Mais la Chine et l’Inde se sont montrées plus compétitives, avec des prix bas et des facilités de voyage, face à une Europe devenue restrictive sur les visas.
Aujourd’hui, au-delà de la rivalité entre puissances économiques, cette configuration permet au Nigeria de réaliser en naira des gains, tandis que le coût de ses importations n’a pas beaucoup évolué s’alignant sur les monnaies de la Chine et de l’Inde, ses deux premiers fournisseurs.
La position actuelle de la France suggère des précisions mais aussi une responsabilité. Elle confirme que contrairement à ce qu’en pensent les opinions des pays qu’elle a historiquement colonisés, l’Hexagone a des intérêts économiques plus larges en Afrique. Ses premiers partenaires sur le continent sont : le Maroc, l’Algérie, l’Afrique du Sud et la Tunisie.
Réagissez à cet article