Avec l’avènement de la 4e révolution industrielle, l’économie de la connaissance se développe. Divers pays investissent dans l’intelligence à même de relever des défis variés. En Afrique, certains pays ont déjà perçu cette urgence et se donnent les moyens d’y parvenir.
Dans son rapport sur l’indice mondial de l’innovation 2024 (GII) intitulé « Unlocking the Promise of Social Entrepreneurship », l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) identifie le Maroc, le Sénégal et la Côte d’Ivoire parmi les nations les plus dynamiques d’Afrique. Ils occupent respectivement la 3e, 4e et 8e place dans le top 10 du continent, le leader étant l’île Maurice.
Chacun de ces pays a été évalué selon quatre indicateurs principaux : l’investissement dans la science et l’innovation, le progrès technologique, l’adoption des technologies et l’impact socio-économique de l’innovation.
Chaque indicateur du GII se compose de sous-indicateurs. Ainsi, l’investissement dans la science et l’innovation est évalué à travers le nombre de publications scientifiques, les investissements dans la recherche et le développement, la performance du capital-risque et le nombre de brevets à l’international.
L’indicateur concernant le progrès technologique prend en compte la puissance de calcul, le coût des énergies renouvelables, le prix des batteries électriques, le coût du séquençage génomique et l’approbation des médicaments.
Pour l’indicateur sur l’adoption des technologies, il porte sur les conditions sanitaires sûres, la disponibilité de l’Internet fixe et 5G, des robots, des véhicules électriques et l’accès à la radiothérapie contre le cancer.
Enfin, le dernier indicateur, concernant l’impact socioéconomique des précédents indicateurs, évalue la productivité de la main-d’œuvre, la pauvreté, l’espérance de vie et la contribution au réchauffement climatique global.
L’Afrique centrale sous-représentée
Selon le rapport, l’île Maurice domine l’Afrique grâce à ses solides institutions (33e rang mondial sur 133 pays), son capital humain et la recherche (69e) ainsi que la sophistication de son marché (24e). Elle occupe la première place mondiale pour le capital-risque reçu et la deuxième place pour les investisseurs en capital-risque.
Le Cap-Vert est en tête de la région pour les infrastructures (34e) et se classe au premier rang pour la formation brute de capital. L’Afrique du Sud est en tête de la région pour la sophistication des affaires (57e) et obtient de bons résultats pour les importations de services TIC (18e) ainsi que pour la valeur de la marque mondiale (24e).
Le Sénégal est en tête de la région pour la production de connaissances et de technologies (62e). Il obtient également de bons résultats en matière de formation brute de capital (4e), d’évaluation des licornes (7e), de prêts des institutions de microfinance (9e), d’entrées nettes d’investissements directs étrangers (IDE) (12e) et de capital-risque reçu (22e).
Enfin, Madagascar est en tête de la région pour les résultats créatifs (57e), avec de bonnes performances en matière de dessins industriels (14e) et de marques déposées (21e), deux domaines qui ont connu une amélioration cette année.
Au-delà de l’indice mondial de l’innovation, le rapport de l’OMPI identifie également les 100 meilleurs pôles scientifiques et technologiques actuels à travers le monde. Ils peuvent être des régions ou des villes entières et constituent l’épine dorsale d’un écosystème national d’innovation solide selon l’OMPI.
Bien que l’Afrique ne soit généralement pas prise en compte dans ce classement mondial si l’on se base sur la méthodologie stricte du GII, un effort spécifique a toutefois été réalisé pour identifier les principaux pôles émergents au sein du continent.
La R&D fait encore défaut
Deux indicateurs sont utilisés pour établir le classement des meilleurs pôles scientifiques et technologiques du GII dans le monde. Le premier se concentre sur la localisation des inventeurs figurant dans les demandes de brevet publiées dans le cadre du Traité de coopération en matière de brevets (PCT) de l’OMPI.
Le second prend en compte les auteurs figurant dans les articles scientifiques publiés. Les 50 premiers pôles scientifiques et technologiques africains ont ainsi été identifiés.
L’Égypte compte le plus grand nombre de pôles (11, avec Le Caire en tête), suivie de l’Afrique du Sud (8, Johannesburg en tête), du Maroc (5, Rabat en tête), du Nigeria (4, Ibadan en tête), de la Tunisie (4, Tunis en tête), de l’Éthiopie (2, Addis-Abeba en tête) et du Ghana (2, Accra en tête). Puis viennent le Kenya (Nairobi), l’Algérie (Alger), le Bénin (Cotonou), le Burkina Faso (Ouagadougou), le Cameroun (Yaoundé), le Congo (Brazzaville), la Côte d’Ivoire (Abidjan), la République démocratique du Congo (Kinshasa), le Malawi (Blantyre), le Sénégal (Dakar), le Soudan (Khartoum), l’Ouganda (Kampala), la Tanzanie (Dar es Salaam), la Zambie (Lusaka) et le Zimbabwe (Harare) avec chacun un pôle scientifique et technologique.
Le Caire est le seul pôle scientifique et technologique africain qui figure dans le top 100 mondial. Il occupe la 95e place du classement.
Que ce soit en matière d’indice d’innovation ou de développement de pôles scientifiques et technologiques, l’Afrique accuse du retard par rapport au reste du monde, d’après l’OMPI.
Ce retard handicape le continent dans le soutien indispensable à l’entrepreneuriat social, reconnu pour sa capacité à relever les défis sociaux et environnementaux mondiaux croissants qui menacent les vies et les moyens de subsistance, en particulier ceux des plus marginalisés.
Avec une jeunesse entreprenante, férue de technologies et porteuse d’idées nouvelles dans divers secteurs, le développement de politiques de soutien à la recherche, à l’innovation et à la collaboration avec le secteur privé devient crucial pour permettre le développement de pôles scientifiques et technologiques africains capables de réaliser pleinement le potentiel innovant du continent.
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