Face à la nécessité d’adapter son système éducatif aux exigences du XXIᵉ siècle, le Cameroun lance une initiative numérique ambitieuse pour doter les élèves et enseignants de nouveaux outils numériques, en réponse à une exigence de compétences adaptées au monde contemporain.
Le gouvernement camerounais a signé un partenariat avec NetDragon Websoft Holdings Limited, une société technologique chinoise, pour moderniser l’éducation secondaire. Selon des informations relayées cette semaine par la presse locale, l’accord bénéficie du soutien de la Banque mondiale via le Projet d’appui au développement de l’enseignement secondaire et des compétences pour la croissance et l’emploi (PADESCE).
Il concerne d’abord 250 établissements répartis sur le territoire. Le programme prévoit l’installation d’écrans interactifs Promethean APLX 65” dotés d’OPS Android, la mise en place d’une plateforme d’apprentissage intégrée accessible en ligne et hors ligne, ainsi qu’une formation complète des enseignants.
« Ce partenariat vise à réduire les inégalités éducatives, à autonomiser les enseignants et à préparer notre jeunesse à réussir dans une économie mondiale fondée sur la connaissance », a déclaré Nalova Lyonga, ministre de l’Enseignement secondaire.
L’enjeu est de taille. Selon la troisième enquête sur l’emploi et le secteur informel (EESI3, INS, 2022), seulement 36 % des jeunes de 15 à 35 ans ont un emploi, et 59 % travaillent dans l’informel. En formant enseignants et élèves aux outils numériques, le projet entend renforcer l’employabilité et réduire les écarts entre zones urbaines et rurales. Le défi reste cependant considérable dans un contexte où le rapport Digital 2024 (DataReportal) indique que seulement 43,9 % des Camerounais disposent d’un accès à Internet, avec de fortes disparités territoriales.
Cette orientation s’inscrit dans la Stratégie nationale de développement 2020–2030 (NDS30), qui fait de la formation professionnelle et de la digitalisation des leviers de croissance inclusive. La Société financière internationale (SFI) estime d’ailleurs que la transformation numérique pourrait générer 230 millions d’emplois en Afrique d’ici 2030.
La réussite du projet dépendra de la maintenance des équipements, de l’appropriation des outils par les enseignants et d’un suivi rigoureux. D’autres initiatives, comme le Campus numérique francophone de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) à Ngaoundéré ou les programmes dédiés aux jeunes femmes, montrent que l’inclusion digitale sur tout le territoire est déterminante. Étendre ces dispositifs et intégrer l’apprentissage du codage dès le secondaire seraient des pistes pour transformer le numérique scolaire en véritable levier d’emploi.
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