L’Union européenne est le principal importateur mondial d’oranges, comptant pour près de 40 % des achats en volume et en valeur. Sur ce marché âprement disputé par l’Égypte et l’Afrique du Sud, c’est la nation arc-en-ciel qui prend l’ascendant au terme de la campagne de commercialisation de 2024/2025.
L’Afrique du Sud a placé 463 263 tonnes d’oranges sur le marché commun de l’Union européenne au cours de la campagne commerciale de 2024/2025, selon les données compilées par l’office statistique de l’Union européenne (Eurostat). Dans un rapport publié le 3 octobre dernier, l’institution indique que ce volume est en hausse de 46 % par rapport à la campagne précédente (317 136 tonnes) et affiche une progression de 20 % par rapport à la moyenne de 386 934 tonnes enregistrée sur les cinq dernières années.
Grâce à cette performance, la filière sud-africaine retrouve son statut de premier fournisseur d’agrumes de l’Union européenne, un rang détenu par l’Égypte au cours des deux précédentes campagnes. Ce regain intervient toutefois dans un contexte où la filière égyptienne traverse une phase difficile.
Selon les données d’Eurostat, les exportations d’oranges égyptiennes vers le marché européen ont reculé de 30 % en glissement annuel pour s’établir à 345 054 tonnes sur la campagne 2024/2025, un stock qui s’affiche légèrement au-dessus de la moyenne des importations réalisées au cours des 5 dernières années (343 880 tonnes). Si dans son rapport l’institution européenne n’explique pas les causes de ce fléchissement, certains facteurs peuvent être mis en lien, notamment la mauvaise récolte au niveau national.
Dans sa dernière analyse publiée sur le marché égyptien, le Département américain de l’Agriculture (USDA) projetait en effet une baisse de 12 % des récoltes de la filière égyptienne sur fond de conditions climatiques peu favorables. « La baisse de la production est attribuée à des températures élevées prolongées au début de la nouaison, ce qui a eu un impact négatif sur le rendement. […] Pour la campagne de commercialisation 2024/2025, il est prévu une baisse de 15 % des exportations d’oranges, en raison d’une diminution anticipée de la production affectant les volumes disponibles à l’export », soulignait alors ce rapport.
Alors que la production d’oranges en Afrique du Sud a été stable durant la saison, la vigueur des expéditions vers l’UE traduit une forte résilience de la filière sud-africaine, qui reste pourtant désavantagée face à ses autres concurrents sur ce marché. Contrairement à l’Egypte par exemple, l’UE exige depuis juillet 2022 que les agrumes en provenance de la nation arc-en-ciel soient soumis à un traitement par le froid à une température comprise entre 0 °C et -1 °C pendant une période de 16 jours, voire 25 jours avant importation.
Ces opérations, qui doivent être effectuées sur le sol sud-africain, augmentent les coûts liés au renforcement des capacités technologiques et de stockage adéquates pour se conformer à ses exigences. Pour rappel, le gouvernement sud-africain a d’ailleurs engagé une procédure de règlement des différends, conformément aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), visant à contester cette mesure.
En attendant de nouveaux développements sur la question, le défi pour la filière sud-africaine sera de maintenir son nouveau statut de leader des exportations d’oranges sur le marché du bloc économique européen au cours des années à venir, malgré cette contrainte réglementaire.




















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