La transformation numérique figure au cœur des priorités du nouveau gouvernement sénégalais. Pour libérer pleinement son potentiel économique et social, il est essentiel de mettre en œuvre des réformes ciblées favorisant l’inclusion et l’accès universel aux services numériques.
Le Sénégal pourrait générer une valeur économique de 1100 milliards de francs CFA (2 milliards de dollars), créer près de 280 000 emplois et accroître ses recettes publiques d’ici 2030 si le pays accélère ses réformes en faveur d’une inclusion numérique élargie. Ces perspectives, détaillées dans le rapport « Driving Digital Transformation of the Economy in Sénégal » de l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA), ont été présentées le vendredi 5 décembre 2025 à Dakar lors du Digital Africa Summit.
Des atouts solides mais un usage encore limité
L’étude souligne que le pays dispose déjà d’atouts majeurs, portés par une jeunesse familière des outils numériques et par une série de stratégies nationales structurantes, dont Digital Sénégal 2025, le Projet d’Accélération de l’Économie Numérique (PAENS) et le New Deal technologique 2034. Ces initiatives ont permis d’étendre largement la couverture d’Internet mobile, qui atteint aujourd’hui 97 % en 4G et près de 39 % en 5G. Pourtant, l’adoption reste limitée : un écart d’utilisation de 54 % persiste, notamment en raison du coût élevé des smartphones d’entrée de gamme et de la faiblesse des compétences numériques dans plusieurs segments de la population.
« En mettant l’accent sur l’abordabilité, les compétences numériques et un environnement politique favorable, le Sénégal peut libérer des opportunités pour chaque communauté – des agriculteurs et des commerçants aux étudiants, aux entrepreneurs et aux utilisateurs de services publics. Ces réformes peuvent transformer l’accès numérique en impact réel et significatif pour les personnes, tout en renforçant la résilience économique à long terme du Sénégal », explique Angela Wamola, responsable de l’Afrique à la GSMA.
Réformes prioritaires pour moderniser l’écosystème télécoms
Si la connectivité s’est nettement améliorée, les infrastructures télécoms doivent encore être renforcées pour soutenir l’ambition nationale. La GSMA recommande notamment l’adoption d’une nouvelle politique du spectre, reposant sur une feuille de route nationale issue d’une consultation du secteur, garantissant une attribution plus efficiente, transparente et prévisible des fréquences. L’allocation des bandes 5G, le renouvellement des licences pour des durées plus longues – jusqu’à 20 ans – et une tarification des redevances alignée sur les standards internationaux sont présentés comme des leviers décisifs pour attirer davantage d’investissements et accompagner les objectifs fixés dans le New Deal technologique.
Le rapport préconise également une réduction de certaines taxes sectorielles, dont la Contribution spécialisée des télécommunications (actuellement 4,5 %) et la Redevance d’utilisation des télécommunications (5 %), qui pourraient être ramenées à 3 % chacune afin de libérer de nouvelles marges financières pour les opérateurs. La mise en place d’un programme national d’accès abordable aux smartphones d’entrée de gamme figure aussi parmi les mesures prioritaires, à l’image de dispositifs déjà adoptés dans d’autres pays africains.
Enfin, un cadre réglementaire adapté aux technologies émergentes apparaît indispensable pour soutenir la couverture dans les zones reculées. L’intégration des partenariats entre opérateurs mobiles et satellites en orbite basse (LEO), ainsi que le développement de solutions de connectivité directe aux terminaux (Direct-to-Device), permettraient d’étendre le haut débit dans les régions encore peu desservies et de renforcer la résilience du réseau.
Si les réformes préconisées aboutissent, le Sénégal pourrait franchir un cap décisif dans sa transition numérique. D’ici 2030, 2,6 millions de nouveaux utilisateurs pourraient être connectés, portant l’adoption de l’Internet mobile à 61 % selon la GSMA. L’impact serait particulièrement fort dans l’agriculture, l’industrie, le commerce et les services publics, où la digitalisation des processus, la diffusion des données et l’automatisation pourraient générer des gains de productivité significatifs.




















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