La Guinée-Bissau regorge de ressources naturelles inexploitées – pêche abondante, gisements de bauxite et réserves pétrolières estimées à 1,1 milliard de barils – qui pourraient transformer son économie, dominée par la noix de cajou. Les accords de pêche signés en mai 2024 avec l’UE ouvrent des perspectives, mais des freins structurels persistent, freinant l’exploitation du pétrole et des minerais.
Un potentiel halieutique sous-exploité
Avec 275 000 tonnes de poissons exploitables annuellement dans l’Atlantique, la Guinée-Bissau ne capture que 120 000 tonnes, laissant un tiers de la ressource inutilisée. Le secteur pèse 5,3% du PIB et jusqu’à 40% des recettes fiscales via les licences étrangères, mais souffre d’infrastructures défaillantes et d’une transformation locale quasi nulle (30 000 à 50 000 tonnes débarquées sans traitement).
En mai 2024, un protocole UE-Guinée-Bissau (100 M€ sur 5 ans, dont 85 M€ de l’UE) autorise 80 navires européens (Espagne, Portugal, France) à pêcher thon, céphalopodes, crevettes et démersaux. Ce partenariat finance la surveillance, la formation locale et la lutte contre la pêche illégale, tout en embarquant pêcheurs guinéens pour créer emplois et valeur ajoutée.
Bauxite et pétrole : richesses dormantes
La bauxite, avec des réserves estimées à 1 milliard de tonnes (dont le gisement de Boé), reste inexploité faute d’infrastructures et de capitaux. Des partenariats chinois et russes sont en discussion, mais la corruption et l’instabilité politique bloquent les avancées. Quant au pétrole offshore (1,1 Md de barils potentiels), des forages exploratoires (Stoilensky, 2023) confirment le potentiel, mais les coûts élevés (500 M$ par puits) et les sanctions internationales sur les partenaires russes freinent les investissements.
Freins et opportunités
L’absence de ports modernes, de routes et d’une capacité de raffinage limite l’export local, tandis que 32% seulement des pirogues artisanales sont motorisées, exposant les pêcheurs à la concurrence industrielle. Pourtant, les fonds UE (4,5 M€ pour la gouvernance) et les réformes fiscales pourraient catalyser une économie bleue, visant à doubler les captures et à industrialiser la transformation d’ici 2030.
Ces ressources pourraient propulser la croissance à 6% annuels, mais exigent une gouvernance renforcée pour éviter la « malédiction des ressources » et intégrer les communautés locales dans la chaîne de valeur.




















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