Le conflit au Tigré, démarré en novembre 2020, a pris des proportions inquiétantes lorsqu’il s’est élargi aux régions et pays voisins. On estime qu’il a poussé plusieurs dizaines de milliers de personnes à fuir le pays et déplacé des millions d’autres à l’intérieur de l’Ethiopie.
La Banque mondiale va octroyer 300 millions de dollars à l’Ethiopie pour soutenir les communautés touchées par le conflit qui sévit dans le pays. L’annonce a été faite le 12 avril, par la Banque via un communiqué de presse publié sur son site Internet.
Ce financement sera utilisé dans le cadre d’un projet dénommé « Réponse-Récupération-Résilience ». Il vise à renforcer « les efforts en vue de répondre aux besoins immédiats des communautés, à réhabiliter/récupérer les infrastructures détruites par le conflit, et à accroître la résilience des communautés aux impacts du conflit de manière durable ». Plus concrètement, des équipes seront engagées sur le terrain afin d’aider les populations dans plusieurs domaines tels que l’éducation, la santé, l’eau et l’assainissement.
L’objectif étant d’améliorer l’accès aux services de base et de construire des infrastructures résistantes au climat, selon les priorités des cibles.
Bien qu’elle s’étende à tout le territoire national, l’initiative vise en priorité les communautés d’Afar, d’Amhara, de Benishangul-Gumuz, d’Oromia et de Tigré, considérées comme les plus touchées par le conflit. Il sera géré par des organisations fédérales, régionales et communautaires et par des organisations indépendantes dans les zones à haut risque où des conflits sont en cours.
Un axe de ce projet sera essentiellement consacré aux personnes victimes de violence basée sur le genre (VBG). Il assurera une prise en charge de ces victimes et « soutiendra les interventions de prévention pour s’attaquer aux normes et dynamiques sous-jacentes qui perpétuent la VBG ».
« Les violences basées sur le genre ont des effets dévastateurs sur la santé physique et mentale des populations. Dans les zones touchées par les conflits, elles ne peuvent pas obtenir le soutien dont elles ont besoin pour se remettre de leur traumatisme, et pouvoir aller de l’avant. Ce projet contribuera à améliorer l’accès à la santé, au soutien psycho-social et aux services juridiques pour les victimes de VBG dans les régions touchées par le conflit où les services de réponse de qualité sont limités », a expliqué Ousmane Dione, directeur national de la Banque mondiale pour l’Ethiopie.
Depuis le 3 novembre 2020, les forces de défense locales du Tigré sont en guerre contre l’armée fédérale et son allié érythréen. Un conflit qui a vite dégénéré en s’étendant aux régions voisines d’Afar et d’Amhara et aux pays voisins tels que le Soudan et la Somalie.
Plusieurs accusations d’homicides illégaux, de tortures et de violences sexuelles ont d’ailleurs été lancées contre les deux parties. L’instauration d’un état d’urgence de novembre 2021 à février 2022, rendant difficile l’acheminement d’aide humanitaire dans certaines parties où se déroulaient les conflits, a davantage accru les besoins humanitaires.
Près de 40 % des habitants du Tigré souffraient d’un manque extrême de nourriture en janvier 2022, d’après le Programme alimentaire mondial (PAM). Rien que dans les trois régions les plus touchées par le conflit (Tigré, Afar et Amhara), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a dénombré 2,6 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays.
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