En Afrique de l’Ouest, les légumineuses représentent une importance source de protéines pour les populations à bas revenus. Dans plusieurs pays de la région, elles permettent une diversification des rations alimentaires et participent à la sécurité alimentaire.
Au Ghana, l’année 2022 a été historique pour la filière niébé. Selon les données officielles relayées par le Département américain de l’agriculture (USDA), la production s’est en effet établie à 367 787 tonnes, soit le plus important volume jamais enregistré.
Ce niveau record vient couronner une décennie de développement de cette culture qui aura vu la récolte progresser de 5 % en moyenne par an entre 2012 et 2022 d’après les calculs de l’Agence Ecofin. Dans le pays d’Afrique de l’Ouest, cette tendance positive de l’appareil productif a été d’abord portée par l’essor de la consommation du niébé.
Il s’agit en effet de la légumineuse la plus nutritive étant donné sa forte teneur en protéines et en énergies. Ces différentes caractéristiques couplées à son accessibilité économique en font une denrée de choix pour de nombreux ménages à bas revenu aussi bien en milieu urbain que rural.
Réduite en farine ou en semoule, le niébé peut ainsi servir à la fabrication de pain ou peut être préparé sous forme de bouillie ou être associé à des céréales comme le riz. Au Ghana, la consommation annuelle globale est estimée 325 000 tonnes pour une utilisation par tête atteignant les 10 kg par an.
Le niébé Bt, un coup d’accélérateur au développement de la filière ?
Ces dernières décennies, la croissance de la filière s’est faite en dépit des nombreuses contraintes liées aux ravageurs de la légumineuse dont le principal est le foreur de gousses « Maruca vitrata ».
L’insecte lépidoptère (papillon) qui peut réduire les rendements de 20 à 80 % selon la sévérité des attaques est une menace majeure pour la culture de la denrée qui s’effectue principalement dans les régions du Nord, du Nord Est, du Haut-Ghana occidental, du Haut-Ghana oriental et de Savannah.
Dans un tel contexte, il faut noter que les autorités ont donné en juin 2022, le feu vert au niébé génétiquement modifié (niébé Bt) pour la culture et l’alimentation humaine et animale. Comme détaillé dans un des rapports Ecofin Pro revenant sur l’état du marché des OGM en Afrique de l’Ouest, cette approbation de l’Autorité nationale de biosécurité (NBA) pourrait changer la donne dans la filière.
Actuellement les producteurs doivent traiter les champs avec les insecticides entre 8 et 12 fois durant un cycle de culture s’étalant sur 3 mois. Ce nombre d’applications pourrait être divisé par 3 avec la nouvelle variété. Une situation qui devrait réduire les coûts de production chez les exploitants et leur permettre d’investir dans le développement de leurs exploitations.
Dans un tel contexte, plusieurs analystes pronostiquent déjà une hausse de la récolte dans les prochaines années dans l’hypothèse d’un accès massif des producteurs au niébé Bt. Il faut noter que le Ghana n’est pas le premier pays en Afrique de l’Ouest à miser sur le niébé Bt. Déjà en 2019, le Nigéria est devenu le premier pays à approuver la culture de la légumineuse génétiquement modifiée.
Réagissez à cet article