barrage copie
#Barrage #Electricite #Energie #Infrastructure #ONU #Ethiopie
Agence Ecofin
8 juillet 2025 Dernière mise à jour le Mardi 8 Juillet 2025 à 14:51

En quête d’indépendance énergétique, l’Éthiopie a achevé la construction de ce qu’elle présente comme le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique. Pour ses voisins en aval, l’Égypte et le Soudan, la crainte d’un déséquilibre du partage des eaux du Nil reste entière.

Après treize ans de travaux, l’Éthiopie affirme avoir achevé la construction du Grand barrage de la Renaissance (GERD) sur le Nil Bleu, à une trentaine de kilomètres de la frontière soudanaise. Avec une capacité de production visée d’environ 5000 MW, soit plus que la puissance installée du pays en 2021 (4478 MW), et un réservoir de 74 milliards de mètres cubes, l’infrastructure incarne l’ambition du pays de garantir son indépendance énergétique.

Mais derrière cette prouesse technique se cache une équation géopolitique. Depuis le lancement du projet en 2011 pour un coût estimé à 4 milliards USD, l’Égypte et le Soudan expriment de vives inquiétudes quant à leur sécurité hydrique. Le Caire, qui dépend du Nil pour plus de 90% de ses besoins en eau douce, redoute qu’un remplissage mal coordonné ne compromette son approvisionnement. Khartoum oscille quant à lui entre soutien et méfiance, notamment à cause des risques pour ses propres barrages et zones agricoles en aval.

Malgré la signature en 2015 d’une déclaration de principes engageant les trois pays à trouver un terrain d’entente, le remplissage du réservoir entamé dès 2020 s’est poursuivi sans compromis global. L’ONU avait bien recommandé en 2021 la reprise des pourparlers sous l’égide de l’Union africaine, sans progrès visible.

Fin 2023, l’Égypte réaffirmait « son droit de défendre son eau et sa sécurité » si ses intérêts venaient à être menacés, accusant Addis-Abeba de rigidité. À l’inverse, l’Éthiopie dénonçait la « mentalité hégémonique » de son voisin, tout en défendant une gestion souveraine du barrage.

Dans ce contexte, la question n’est pas seulement de savoir si le GERD fournira l’électricité promise à une Éthiopie où seulement 55% de la population a accès au réseau, mais aussi si le Nil Bleu peut devenir un espace de coopération plutôt qu’un foyer de rivalités. Certains experts plaident pour une coordination plus scientifique, notamment avec le Haut barrage d’Assouan pour lisser les flux et anticiper une variabilité accrue des précipitations.

Mais sans mécanismes de partage de données et de contrôle communs, ce qui est présenté comme la plus grande centrale hydroélectrique du continent africain restera à la fois un symbole de puissance pour l’Éthiopie et une source de méfiance en aval.

Réagissez à cet article

Vos commentaires

Rejoignez la discussion

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *