De retour du CES de Las Vegas où il avait accompagné trois start-up de son pays, le responsable sénégalais a fait escale à Paris pour animer un petit-déjeuner débat sur son programme d’action.
Le président de l’Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranéen (IPEMED), Jean-Louis Guigou, a également pris part à cette rencontre coordonnée par le Club Afrique de la Presse Parisienne et qui a eu lieu le 17 janvier dernier.
Papa Amadou Sarr est en fonction depuis précisément deux ans et quatre mois après avoir passé deux autres années au ministère de l’économie et des finances, en tant que directeur et conseiller technique, chargé des levées de fonds auprès de bailleur internationaux comme la Banque Africaine de Développement ( BAD) et de la Banque Mondiale.
L’ancien étudiant de Harvard et de sciences po-Paris, a reçu du président Macky Sall une enveloppe de 50 millions d’Euros (renouvelable annuellement) pour mettre en place un modèle innovant de promotion de l’entreprenariat et de création d’entreprises (PME et start-up).
« Tout le monde croyait que c’était une machine à distribuer de l’argent pour réélire le président Macky Sall. », se rappelle le jeune ministre, qui a commencé dès son installation, à chercher des sources de financement supplémentaires pour soutenir le projet et créer le plus d’emplois possible.
« Notre modèle a fait ses preuves au bout d’un an et demi. Ce qui nous a valu la confiance de bailleurs de fonds internationaux comme la BAD qui nous a octroyé un prêt de 150 millions d’Euros sur cinq ans. L’AFD-Agence Française de Développement NDLR- a approuvé un prêt de 20 millions d’Euros et l’USAID, 10 millions de dollars », a fait savoir le patron de la DER.
Dans son exposé du projet, il a précisé que celui-ci a été construit à partir d’un constat assez terrible : 90% de l’activité économique du Sénégal se déroule dans le secteur informel où 470 000 entreprises ont été recensées.
« L’entrée de ces entreprises dans le secteur formel permet bien entendu d’élargir l’assiette fiscale. Mais elle contribue surtout à régler le problème du chômage qui touche 60% des jeunes et 70% des femmes », a expliqué Papa Amadou Sarr.
Pour favoriser l’entreprenariat rapide, la DER a adopté la formule de « One Stop Shop » qui permet aux entreprises de l’informel d’obtenir des financements (de 300 à 150 000 Euros), en acceptant d’être régularisées selon un processus très accéléré (n’excédant pas une journée).
« Nous avons ouvert 120 000 comptes bancaires en moins de deux ans », s’est réjoui Papa Amadou Sarr, précisant que les taux d’intérêts ont été fixés à des montants très bas, 5%.
Sur le plan pratique, deux supports ont été mis à la disposition des entreprises pour s’enregistrer : une plate-forme numérique et des bureaux itinérants déployés dans les zones rurales.
Cette méthode a permis jusque-là, à 70000 entreprises de s’intégrer au secteur formel et d’obtenir en plus, la possibilité de se former pour acquérir des compétences techniques et managériales.
En matière de financement, trois guichets en tout ont été ouverts : le premier dit d’autonomisation comporte des prêts entre 100 et 1000 Euros et vise à promouvoir les projets de micro-crédit. Le second s’adresse aux PME qui peuvent obtenir jusqu’à 15 000 Euros pour s’agrandir, acheter du matériel ou recruter du personnel. Le dernier guichet cible quant à lui les grandes entreprises avec des financements de 300 000 Euros.
« Nous nous sommes alignés sur le Plan Sénégal émergeant qui vise la promotion de secteurs économiques porteurs comme l’agriculture, la pèche, les services, les transports logistiques et le numérique », a fait savoir le ministre Sarr en insistant sur une opération de maillage territorial qui a permis à 549 communes sur 552 de bénéficier d’au moins 15000 Euros de financements.
Très prometteur, le modèle sénégalais d’entreprenariat en direction des jeunes et des femmes a suscité l’intérêt de pays voisins comme la Cote d’Ivoire et la Guinée qui ont entrepris des contacts avec la DER pour étudier la possibilité de l’adopter. « C’est un modèle facilement exportable car nos Etats ont les mêmes populations et sont confrontés à des défis économiques similaires », a souligné Papa Amadou Sarr.
L’IPEMED, par la voix de son président, est également admiratif. Evoquant une expérience originale, Jean Louis Guigou a indiqué que le gouvernement de Macky Sall s’est fixé comme objectif de créer 1 million d’emplois en cinq ans. Il a également salué l’action du ministre Sarr, qu’il décrit comme « un homme exceptionnel », investi d’une mission qui consiste à transformer rapidement l’économie du Sénégal.
Sur un autre registre, Jean-Louis Guigou a estimé que l’Europe pourrait contribuer à l’essor du programme de l’entreprenariat rapide, financièrement, à travers des projets de co-production et du transfert de technologie et de savoir-faire.
Par Samia Lokhmane depuis Paris pour Ecomnews Afrique
Institut Ipemed Banque Africaine de Developpement (BAD) AFD – Agence Française de Développement
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