Alors qu’elle est restée en hausse ces dernières années, les importations de riz en Afrique subsaharienne pourraient baisser en raison de la pandémie du coronavirus. C’est ce qu’a confié à l’Agence Ecofin, Patricio Mendez del Villar, chercheur au Cirad et éditeur de la note de conjoncture Osiriz.
Ce ralentissement des importations africaines ne sera pas le résultat d’une baisse des besoins, mais plutôt la conséquence de la diminution des devises étrangères disponibles pour les achats, face à la mauvaise conjoncture mondiale liée à la maladie. En effet, de nombreux pays comme le Nigeria (second importateur mondial de riz) souffrent de l’effondrement du prix du baril de pétrole et l’embellie n’est pas attendue pour tout de suite.
En outre, en raison de la crise économique, les transferts d’argent des travailleurs migrants vers le continent devraient fortement chuter cette année. Selon les plus récentes prévisions de la Banque mondiale, les transferts d’argent destinés à l’Afrique subsaharienne devraient baisser de 23,1 % à 37 milliards $ en 2020 contre 48 milliards $ un an plus tôt.
« Le ralentissement de l’activité économique va éroder le pouvoir d’achat des consommateurs qui seront moins en mesure de payer le riz à prix constant. Une action possible serait de mettre des filets de sécurité, comme c’est le cas déjà au Sénégal où le gouvernement a acheté du riz pour le distribuer aux ménages les plus pauvres. C’est cela l’urgence. Il faut faire en sorte que les populations puissent accéder à cette nourriture », souligne M. Mendez del Villar.
Globalement, le chercheur du Cirad indique que si le marché mondial a été ébranlé par les décisions du Vietnam et de l’Inde ces dernières semaines, la situation se stabilise même si les cours mondiaux sont encore un peu plus élevés qu’en début d’année.
« On n’est pas dans une situation de crise et de tension forte sur les marchés. Il n’y a pas de pénurie de riz dans le monde, mais un problème d’acheminement et d’accessibilité aux denrées alimentaires. C’est dans ce sens qu’il faudrait se mobiliser pour éviter que la crise sanitaire ne se transforme en crise alimentaire », ajoute-t-il.
Pour rappel, l’Afrique de l’Ouest constitue le principal marché du riz du continent avec 60 % du total consommé.
Source Agence Ecofin avril 2020
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