#Afrique
Denys Bédarride
6 octobre 2020 Dernière mise à jour le Mardi 6 Octobre 2020 à 14:30

Dans le cadre de la « Verticale Afrique-Méditerranée-Europe », le Maghreb est appelé à jouer un rôle essentiel de pivot industrialisé, mais l’Afrique subsaharienne tirera aussi un large profit de ce nouvel axe de développement structurant. Revue des différents pays et secteurs qui seront amenés à y devenir leaders, selon l’expert Jean-Louis Guigou, président -fondateur de l' Institut Ipemed .

« Ce sont les pays les plus en avance, les pays de rupture, qui vont bénéficier de cet attelage avec l’Europe : le Kenya, l’Éthiopie, le Nigeria, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Rwanda… Tous ces pays ont des chefs d’État de rupture, qui ont fait leur mutation, et ce sont ceux-là qui vont être privilégiés par les chefs d’entreprise européens pour tisser des alliances », pronostique le fondateur de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed).

Pour lui, ce ne sont cependant pas les gouvernements qui seront à l’initiative des rapprochements économiques, mais plutôt les chefs d’entreprise et le capital : « Certes il y a la culture, les ONG, les associations, les universités… mais nous pensons que le capital est leader, que c’est lui qui va faire les liens et qui va créer les emplois. »

Énergie, eau et agriculture

Au rang des secteurs qui devraient bénéficier en priorité de ce codéveloppement, le spécialiste de la prospective cite les énergies – notamment renouvelables – , le traitement des eaux et l’agriculture. Dans un deuxième temps, le digital, la logistique, la formation et la santé seront également très dynamiques. De grands conglomérats vont naître dans un intérêt partagé, car « l’Europe a plus besoin de l’Afrique que l’Afrique n’a besoin de l’Europe », déclare Jean-Louis Guigou.

Dans ce nouvel espace, quel rôle pour le Sahel, situé à un échelon clé de la « Verticale » ? « Le Sahel doit redevenir cette zone d’interconnexion entre le Nord de l’Afrique et l’Afrique subsaharienne », estime l’ex-directeur de la Datar, agence spécialisée dans l’aménagement du territoire.

Pour lui, les deux grands projets marocain et algéro-chinois de routes transsahariennes, la première côtière et la seconde traversant le désert, seront des artères essentielles pour connecter Nord et Sud : il ne suffira plus que de quelques jours pour aller de la Méditerranée au Golfe de Guinée, contre plusieurs semaines actuellement. « Les résistances sont fortes, mais la réponse militaire étant insuffisante, elle doit déboucher sur une phase politique et économique. Le moment est mûr », conclut Jean-Louis Guigou.

Ecomnews Med

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