Alors que s’ouvrent les rencontres annuelles du FMI International Monetary Fund et de la Banque mondiale cette semaine, des gouvernements africains exigent plus d’efforts de leurs bailleurs pour alléger la dette. Le ministre ghanéen des Finances dénonce une injustice, tout en proposant des voies de sortie.
Les ministres des Finances de plusieurs pays africains se joindront à leurs collègues des pays les moins avancés pour lancer cette semaine, un appel à leurs créanciers pour plus d’efforts afin d’alléger le poids de la dette internationale sur leurs finances publiques.
Cette initiative survient à un moment où malgré un faible niveau de mortalité, les gouvernements africains doivent eux aussi faire face aux conséquences économiques du coronavirus, avec des capacités d’intervention très limitées.
« Sur l’ensemble du continent, les gouvernements sont confrontés à une baisse des revenus, une augmentation des dépenses, un surendettement croissant et des inversions significatives des indicateurs de développement. Dans un présage de ce qui est à venir, la Zambie semble maintenant se diriger vers le premier défaut de paiement de la dette privée du continent lié à une pandémie. Les coûts humains sont énormes », a rappelé Ken Offori-Atta, le ministre ghanéen des Finances, dans une opinion publiée dans le journal britannique Le Financial Times.
Le responsable a soulevé l’injustice du système financier international pour une Afrique qui n’a jamais exposé le monde à une crise financière comme. Il a aussi mentionné le fait que le continent noir n’est pas celui qui contribue le plus au gonflement de la dette mondiale. « L’Afrique continue de payer une prime de risque insoutenable d’environ 6 à 7% pour sa dette et ses services d’assurance ; ce qui lui coûte plus cher à emprunter qu’elle ne le devrait. Cela n’est pas justifié », a soutenu le responsable ghanéen.
En pleine propagation de la Covid19, les pays du G20 ont conclu un accord permettant à 73 des pays les plus pauvres du monde de reporter de trois ans le remboursement des intérêts sur la dette bilatérale, et qui était prévu pour la période de juin à décembre 2020. Jusqu’ici, seuls 43 pays ont bénéficié de l’initiative pour un appui consommé de seulement 5,3 milliards $.
La Commission économique pour l’Afrique a conjointement travaillé avec les gouvernements africains pour une aide de 100 milliards $ par an sur les trois prochaines années. Mais ce dossier tarde à avancer.
Le continent noir est pris dans un étau de guerre stratégique qui oppose la Chine aux autres pays du G20. Pendant ce temps, les pays les plus riches ont soutenu leurs Etats et leurs entreprises, avec des stimulus qui ont atteint les 10 000 milliards $.
Dans le même temps, les pays africains ont continué de payer leur dette internationale privée. Ils étaient sous la pression des agences de notation qui menaçaient de les classer en position de défaut de paiement ; ce qui aurait encore compliqué les choses.
Le ministre ivoirien des Finances espère une prolongation de l’initiative du G20, tandis que celui du Kenya a exprimé le manque d’intérêt de son pays pour cette initiative qui de son point de vue peut créer plus de problèmes.
Pour le ministre ghanéen, il faudrait soit créer de nouveaux droits de tirage spéciaux (DTS), soit utiliser ceux de grandes puissances qui n’en ont pas besoin et les prêter aux pays dans le besoin. Mais cette proposition rencontre le véto des Etats-Unis.
Mais l’autre gros défi de l’Afrique, c’est que ses pays ne discutent pas d’une seule voix. La Chine, premier créancier du continent, est ainsi parvenue à les diviser en négociant au cas par cas ses mesures d’allègement de la dette, pareil pour les pays membres du Club de Paris. Cette dispersion dans la stratégie ne permet pas de faire une pression pertinente sur les différents bailleurs de fonds du continent.
Source Agence Ecofin
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