Le Président qualifie l’année 2020 d’horrible sur le plan sanitaire et sécuritaire. Il espère pouvoir faire vacciner 47% de la population dès que possible. Mais il espère que le lancement de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZECLAf) depuis le 1er janvier va permettre la coopération économique entre les différents états africains.
« L’année 2020 s’achève. J’en ai fait le bilan, en même temps que celui des dix ans de mise en œuvre du programme de renaissance, à l’occasion du message à la nation du 18 décembre dernier.
Globalement ce fut une « annus horribilis », une année horrible, surtout sur le plan sanitaire et sécuritaire. Beaucoup d’entre vous ont, durant cette année, perdu des êtres chers, tombés sur le champ d’honneur ou emportés par cette pandémie terrible, la covid 19.
Ce fut une année qui nous a trouvé et a débuté dans le deuil suite à la disparition de nos soldats à Inatès et à Chinagodar respectivement le 10 Décembre 2019 et le 9 Janvier 2020. Je suis heureux d’affirmer, aujourd’hui, que nous sommes sortis de ces désastres par le haut, plus déterminés dans le combat que nous livrons depuis plusieurs années contre le terrorisme et le crime organisé. Nos forces de défense et de sécurité ont relevé la tête.
Nous sommes fiers d’elles. Nous sommes fiers de leur courage, de leur professionnalisme, de leur sens élevé du devoir. Déployées sur plusieurs fronts, elles ont apporté la preuve qu’elles sont la colonne vertébrale de l’Etat.
Cette colonne vertébrale, nous l’avons consolidée à travers le doublement des effectifs par rapport à 2010, à travers la formation et l’équipement notamment des forces spéciales. Pour les cinq prochaines années l’objectif est de doubler, à nouveau, les effectifs, de poursuivre leur formation et leur équipement.
Le sacrifice de nos martyrs d’Inatès, de Chinagodar et d’autres champs de bataille ne sera pas vain : en effet, plaise à Dieu, nous gagnerons ce que les historiens appellent désormais les guerres du Sahel et du bassin du lac Tchad.
Je l’ai déjà dit, à l’occasion du message à la nation du 18 Décembre dernier, toutes les conditions de la victoire sont réunies : les capacités nationales sont renforcées, les forces conjointes sont opérationnelles, les alliances sont en place. Toutes ces forces, soumises à un commandement conjoint, ont enregistré d’importantes victoires en 2020.
Je leur présente mes meilleurs vœux de succès plus amples encore en 2021. Au-delà des questions militaires, les questions de développement économique et social ainsi que celles relatives aux droits humains sont prises en compte.
Cela permettra de rendre définitive notre victoire contre l’ennemi, cet ennemi qui inflige tant de souffrances à notre peuple dont il persécute femmes et enfants, cet ennemi qui a fait tant de victimes parmi les populations civiles et militaires.
Je confirme la solidarité de l’Etat vis-à-vis de toutes les familles des victimes militaires et civiles de cette tragédie. J’ai une pensée pour les déplacés et les réfugiés auxquels je souhaite la sortie des camps et une normalisation de la situation.
Ce fut le 19 Mars 2020 que notre pays enregistra son premier cas de covid, cette pandémie qui ébranle la planète toute entière. Déjà avant cette date, le Gouvernement a su anticiper la gestion de la première vague. Nous avons mis en place très tôt un plan de riposte pour faire face aux conséquences humaine, sociale et économique de la pandémie.
En particulier, celle-ci nous a amené à revoir très fortement à la baisse notre taux de croissance économique de l’année. A la fin du mois d’Octobre 2020, seule une dizaine de cas était en cours de traitement.
Début Novembre, commence, malheureusement, la deuxième vague, caractérisée par des cas asymptomatiques et une propagation qui dépasse les centres urbains pour toucher le milieu rural. Au 30 Décembre 2020 nous enregistrons, depuis le début de la pandémie, 3268 cas positifs avec 1802 guérisons, 104 décès, 1362 cas actifs parmi lesquels 130 en hospitalisation dont trois en réanimation. L’augmentation rapide de nouveaux cas nous fait craindre une tension au sein des hôpitaux et centres de confinement.
Face à cette situation, je vous demande d’observer les mesures barrières décidées par le Gouvernement afin d’endiguer la pandémie et sauver des vies. Ces mesures peuvent paraître restrictives, mais c’est le prix à payer pour nous protéger et protéger les autres. Seules, en attendant le vaccin, ces mesures permettront de rompre la chaîne de contamination.
S’agissant du vaccin, le Gouvernement a mis au point un plan pour son introduction le plus rapidement possible. Ce plan prévoit la vaccination en priorité de 47% de la population : il s’agit des agents de santé, des personnes âgées, des personnes présentant des risques de comorbidité, des éléments des forces de défense et de sécurité, des scolaires et des enseignants.
Je fonde l’espoir que l’année 2021 nous permettra de vaincre cette pandémie et de retrouver un mode de vie normal. L’année 2020 s’achève sur l’organisation de plusieurs scrutins dans notre pays.
En effet, vous vous êtes rendus aux urnes le Dimanche 13 Décembre pour élire vos conseillers municipaux et régionaux et le Dimanche 27 Décembre pour élire vos députés et le Président de la République.
Lors de ces deux occasions, vous avez fait preuve de civisme et de maturité politique. Vous étiez sortis nombreux pour accomplir votre devoir civique. Cette nouvelle page de l’histoire démocratique de notre pays est un succès. Vous en êtes les auteurs.
Vous êtes les ardents acteurs de la modernisation de la politique dans notre pays, notamment de sa détribalisation. C’est une révolution que nous sommes en train d’opérer dans les mœurs politiques non seulement Nigériennes mais Africaines. Vous faites de notre pays un modèle de démocratie en Afrique et dans le monde.
Ce faisant, vous participez activement à la consolidation de nos institutions démocratiques et républicaines, un des axes majeurs du programme de renaissance. Notre pays en a grandement besoin pour relever les défis auxquels il est confronté : défis sécuritaire, démographique, climatique, défi du développement économique et social.
Ce succès enregistré dans l’organisation des scrutins, nous le devons à la CENI dont je salue l’efficacité et le professionnalisme.
Nous le devons aux forces de défense et de sécurité qui en ont assuré la sécurité, ainsi qu’aux partis politiques, aux médias, aux observateurs nationaux et internationaux, sans oublier les partenaires techniques et financiers qui sont à nos côtés de manière permanente.
C’est grâce à eux tous que notre pays va continuer sa marche sur le chemin de la démocratie et donc du progrès économique et social. C’est grâce à eux tous que notre pays se dotera, en ce début de nouvelle année 2021, de nouvelles autorités élues, depuis le niveau de la commune jusqu’au niveau national en passant par le niveau régional.
Je fonde l’espoir que ces nouvelles autorités continueront, pour les cinq prochaines années, l’œuvre de transformation du pays entamée depuis dix ans. Pour ma part, jusqu’à l’investiture du Président que vous aurez élu, je resterai à la tâche, je continuerai à vous servir jusqu’au terme du mandat, plaise à Dieu.
Le 1er Janvier 2021 a été un jour historique pour notre continent. Les échanges dans le cadre de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) ont démarré. C’est un des meilleurs cadeaux de nouvel an que nous puissions vous offrir, à vous et à tous les Africains.
Avec la ZLECAf, nous mettons fin à une histoire de 135 ans de balkanisation de notre continent. Nous sortons, par le haut, des 84000 km de frontières, ces frontières qui sont autant de murs qui séparent les Africains des Africains, ces frontières qui sont autant d’obstacles qui limitent les échanges entre nos pays.
Avec les autres projets de l’agenda 2063, nous créons, avec cet accord, les conditions de transformation de nos matières premières, nous parviendrons à booster nos économies et à créer des emplois notamment pour les jeunes.
Je suis heureux d’avoir été, en votre nom, le Champion de la négociation de cet accord qui a été signé par 54 pays sur 55 du continent et ratifié par 34. C’est l’accord qui a été négocié, signé et ratifié dans les délais les plus brefs de toute l’histoire de notre organisation continentale.
Tous les pays membres de la CEDEAO, sauf trois, l’ont signé et ratifié et sont donc prêts dès demain à sa mise en œuvre. En particulier, notre pays est prêt mais il doit soutenir des efforts continus pour créer les conditions de la mise en valeur de ses avantages comparatifs notamment à travers la mise en place d’infrastructures énergétiques, de transport et de télécommunication permettant de réduire les coûts de ces facteurs.
C’est ce que nous avons amorcé dans le cadre de la mise en œuvre du programme de renaissance. J’espère que les prochaines autorités élues poursuivront cet effort, dans l’intérêt de notre peuple et de notre continent.»
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