L’accès aux spécialistes de santé demeure très faible au Burkina Faso. Au ratio médecin/population très en dessous du seuil de l’OMS, s’ajoutent les distances entre malades et centres spécialisés. Pour résoudre cette crise, le gouvernement penche de plus en plus vers le numérique.
Le gouvernement de la République du Burkina Faso – à travers la ministre de l’Economie numérique, des Postes et de la Transformation digitale, Hadja Ouattara/Sanon, et son homologue de la Santé, Charlemagne Ouedraogo – procède depuis le 3 août à l’expérimentation de la télémédecine à travers le pays.
L’opération qui n’est encore qu’à la phase de la téléconsultation a déjà connu deux cas pratiques menés avec succès. Le premier concernait la prise en charge d’un patient de Tenkogodogo, souffrant de problèmes de peau, par une dermatologue du Centre hospitalier universitaire (CHU) Yalgado Ouédraogo à Ouagadougou.
La seconde téléconsultation intervenue vendredi 6 août a porté sur la prise en charge d’une patiente de 14 ans, victime d’une morsure de serpent, dans la ville de Dori par un médecin spécialiste basé à Ouagadougou. Au terme de la première téléconsultation, le 3 août, Hadja Ouattara/Sanon indiquait qu’à travers cette solution de téléconsultation testée par le gouvernement, l’objectif est « de combler un gap en ressources humaines qualifiées qui n’existent pas dans les régions sanitaires à un niveau souhaitable et aussi de permettre aux différents praticiens de mener un débat contradictoire pour l’intérêt du malade ».
Dans l’annuaire statistique 2020, publié en avril 2021 par le ministère de la Santé du Burkina Faso, il ressort que les ressources humaines du pays sont encore très en dessous du seuil de 4,45 médecins, infirmiers ou infirmières et sages-femmes pour 1000 habitants désiré par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et indiqué dans son rapport « Ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à l’horizon 2030 / Projet avril 2016 ».
De 2017 à 2019, au Burkina Faso, le ratio population/médecin est passé de 14 404 personnes pour un médecin à 10 927 personnes pour un médecin. Le ratio population/infirmier diplômé d’Etat est passé de 3 619 personnes pour un infirmier à 3 074 personnes pour un infirmier.
Le ratio population/sage-femme/maïeuticiens d’Etat est quant à lui passé de 5 874 personnes pour une sage-femme à 4 831 personnes pour une sage-femme. Le gouvernement qui réfléchit depuis plusieurs années à diverses solutions pour relever le système sanitaire national voit dans l’e-santé un outil stratégique de développement.
Le projet pilote de téléconsultation que conduit le gouvernement burkinabè est réalisé à travers la plateforme HEREKO développée par le groupe RIGO et présentée le 17 juin au ministre de l’Economie numérique et à celui de la Santé. L’interaction entre techniciens de santé et patient en temps réel se fait via la plateforme de visioconférence BigBlueButton, qui est hébergée dans le cloud gouvernemental burkinabè afin de minimiser les possibilités de fuite d’informations sanitaires.
Pour la ministre Hadja Ouattata/Sanon, « la téléconsultation va permettre d’améliorer l’accessibilité des patients au service de spécialité surtout la dermatologie où nous savons que nous n’avons pas beaucoup de spécialistes. Cela va permettre d’échanger avec les prestataires qui sont dans les différentes régions et permettre de poser des diagnostics, de proposer des traitements et éviter le déplacement des patients pour venir dans les structures pour une consultation de spécialistes ».
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