Fin octobre 2021, l’Office national de l’emploi du Gabon a officiellement présenté son projet « un taxi, un emploi, un avenir », destiné à faciliter l’autonomisation des jeunes demandeurs d’emploi. La pertinence de ce projet est toutefois remise en cause.
En plus d’une voiture, chaque chauffeur du projet « un taxi, un emploi, un avenir », lancé le 29 octobre 2021 dans l’optique de promouvoir et valoriser le métier de chauffeur de taxi, devrait recevoir 17,28 millions FCFA, selon les projections de l’Office national de l’emploi (ONE), apprend-on du Nouveau Gabon. L’Office réagit aux critiques formulées contre ce projet, dont l’objectif est de permettre aux demandeurs d’emploi inscrits à l’ONE, titulaires d’un baccalauréat et détenteurs d’un permis de conduire, de devenir propriétaires d’un taxi sans dépôt de caution.
À l’annonce de ce projet, des récriminations par rapport à la modicité des revenus des chauffeurs, à l’importance de la somme à verser pour acquérir la voiture ou encore à l’état du véhicule au moment de l’acquisition…se sont fait jour.
« Nous nous sommes rapprochés des professionnels du métier afin de savoir quelle était la recette journalière générée par l’exploitation d’un taxi. Du montant qui nous a été donné par ces professionnels, nous nous sommes dit qu’une partie de la recette journalière va revenir à l’ONE, puisque l’One est propriétaire du taxi. Et une partie de ce qui reviendra à l’ONE servira à l’entretien du véhicule. Le surplus de la recette reviendra aux taximen. Nous avons estimé, comme hypothèse de base, 10 000 francs par jour. Les chauffeurs de taxi travailleront 26 jours dans le mois. 10 000 francs multipliés par 26 jours ; ça fait que mensuellement, le chauffeur de taxi va recevoir 260 000 francs. À ces 260 000 va s’ajouter la rémunération mensuelle que nous avons prévue, qui est de 100 000 francs (ce qui fait un revenu total de 360 000 FCFA par mois et 17 280 000 FCFA au bout de 48 mois, pour un taximan, NDLR). Moi j’estime qu’il s’agit d’une très bonne opportunité pour les jeunes », explique Nadia Assoumou, chef de division emploi jeune de l’ONE.
En effet, pour acquérir le taxi, c’est l’Office national de l’emploi qui va contracter auprès de son partenaire financier Epargne développement du Gabon (EDG) un crédit. Les chauffeurs conduisent les taxis du lundi au samedi de 8h à 20h et doivent verser chaque jour 22 000 FCFA dans le compte d’EDG pendant 48 mois, soit au total près de 27,5 millions.
Et comme l’explique Nadia Assoumou, avec cet argent, l’ONE verse 4,8 millions au chauffeur sur la durée du contrat, entretient la voiture, et rembourse le crédit. En tenant compte du volume de recettes gardées par le chauffeur (en tout près de 17,5 millions FCFA), celui-ci aura en réalité dépensé un peu plus de 10 millions pour devenir propriétaire du taxi.
Selon l’ONE, le secteur du transport par taxi est constitué surtout de locataires. Libreville, par exemple, voit circuler une flotte de 3000 taxis ayant une moyenne d’âge de 34 ans. Sur les 3000 chauffeurs, seulement 25% sont propriétaires et 75% sont locataires de leur outil de travail. C’est aussi pour renverser cette tendance que le projet a été lancé par l’ONE.
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