En Guinée équatoriale, les autorités ont placé le gaz naturel au cœur de leur nouvelle politique énergétique. Le pays veut saisir les opportunités qu’offre la transition énergétique, tout en devenant un acteur important de cette nouvelle économie.
La Guinée équatoriale et le Nigeria viennent de signer un protocole d’accord qui prévoit l’acheminement de gaz nigérian vers le complexe gazier de Punta Europa, sur l’île de Bioko, dans le pays hispanophone. Le document a été paraphé à Abuja, lors du cinquième sommet international de l’énergie du Nigeria, par les ministres de tutelle des deux pays à savoir Timipre Sylva pour le Nigeria et Gabriel Obiang Lima pour la Guinée équatoriale.
Selon l’entente, le Nigeria expédiera des flux de gaz échoué vers les installations de Punta Europa via un pipeline qui sera construit dans le cadre de l’accord. Une réserve de gaz échoué est un champ découvert mais qui reste inutilisable pour des raisons physiques ou économiques.
Selon le ministre nigérian du Pétrole Timipre Sylva, ce deal fera progresser l’initiative locale dénommée « Décennie du gaz » et lancée l’année dernière par le président Muhammadu Buhari. Le plan a été conçu pour permettre au plus grand producteur de pétrole d’Afrique de tirer parti de la transition énergétique mondiale, en maximisant la monétisation de ses réserves gazières.
« Le Nigeria dispose d’énormes ressources en gaz, dont une quantité importante se trouve en mer et nécessitera des investissements sans précédent dans les infrastructures pour les amener sur le marché […]. Cette collaboration permettra à une grande partie de ce gaz échoué d’accéder au marché mondial du gaz », a commenté Sylva, qui a ajouté que les installations devraient être opérationnelles d’ici les 24 prochains mois.
Le complexe gazier de Punta Europa comprend une usine de production de GPL, une usine de production de méthanol et une installation de liquéfaction de gaz naturel, qui a une capacité nominale de 3,7 millions de tonnes par an. Ses propriétaires sont Marathon Oil, Sonagas, Mitsui et Marubeni. Malabo envisage aussi d’y développer une raffinerie pétrolière.
Cependant, la signature de cet accord pourrait se justifier aussi par le retrait programmé de Chevron de certains projets majeurs qui devaient alimenter l’usine de liquéfaction de Punta Europa. Jusqu’à l’année dernière, les officiels équato-guinéens assuraient que le gaz qui alimenterait le site serait produit au niveau local.
« Cette collaboration stratégique abolit les frontières géographiques et permettra la livraison de gaz du Nigeria aux installations de Punta Europa en prolongeant ainsi leur durée de vie et en lui donnant accès aux marchés énergétiques régionaux et mondiaux », s’est ravi Gabriel Obiang Lima qui a ajouté qu’avec la mise en œuvre de ce projet, son pays pourra conserver des parts intéressantes dans la nouvelle économie mondiale qui prône de faibles émissions de carbone.
Il a ajouté que le deal revêt aussi un caractère opportuniste alors que « la guerre en Ukraine est un facteur qui devrait changer la donne sur le marché mondial du GNL ».
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