L’administration américaine dirigée par le président Joe Biden dévoile progressivement sa stratégie de coopération avec l’Afrique. Le renforcement de la démocratie est mis en avant, mais Washington ambitionne aussi de contrer l’influence des concurrents que sont la Chine et la Russie.
Les Etats-Unis investiront 2 milliards de dollars sur dix ans pour booster la démocratie et la bonne gouvernance en Afrique subsaharienne. L’information a été rendue publique par le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken (photo), le lundi 8 août, lors de son discours d’allocution, pendant sa visite en Afrique du Sud.
Ce financement sera mis en œuvre dans le cadre d’un programme dénommé « Global Fragility Act » qui vise à favoriser des « sociétés plus pacifiques, plus inclusives et plus résilientes dans des endroits où les conditions sont propices aux conflits ». L’initiative concerne plusieurs pays du continent tels que le Mozambique et les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest (le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, et le Togo).
Plus concrètement, le programme prévoit que les USA apportent leur aide dans des domaines précis qu’ils auront identifiés. Cette stratégie américaine s’appuie sur « des décennies de leçons apprises en matière de prévention des conflits, comme le fait de cultiver de bonnes relations entre les dirigeants communautaires, les responsables gouvernementaux et les forces de sécurité, qui sont essentielles pour désamorcer les tensions avant qu’elles ne dégénèrent en violence, et de renforcer la résilience face aux effets déstabilisants du changement climatique, comme des sécheresses plus fréquentes et plus graves », d’après le secrétaire d’Etat américain.
Cette annonce intervient à la faveur d’une tournée du chef de la diplomatie américaine dans trois pays d’Afrique : l’Afrique du Sud, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Dans un document sur la stratégie africaine de l’administration Biden publié le 8 août par la présidence américaine, on apprend qu’au-delà du renforcement des liens commerciaux, il sera surtout question de « sensibiliser » les dirigeants africains sur « les risques que représentent pour eux la République populaire de Chine et la Russie ».
Mais la réalité de la coopération entre l’Afrique et les deux puissances concurrentes des USA n’est pas la même. D’après une note de recherche, publiée en mai dernier, par le think tank américain Carnegie Endowment for International Peace, depuis 2009, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du continent.
Depuis lors, les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l’Afrique ont chuté, passant de 142 milliards de dollars en 2008 à 64 milliards de dollars en 2021. La Russie quant à elle tire un avantage commercial qui repose sur l’exportation des céréales, mais surtout des armes et des services de sécurité qui ont fait l’objet, ces derniers temps, de controverses.
Notons qu’un sommet USA-Afrique est prévu en décembre prochain, en vue d’évoquer avec les partenaires africains de Washington des points de coopération sur plusieurs sujets, tels que la sécurité alimentaire en plein conflit russo-ukrainien et le changement climatique. Pour l’heure, on n’a pas encore recensé les positions des dirigeants politiques sur ces différentes questions.
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