La mise en œuvre des recommandations de l’agenda 2063 de l’Union africaine, l’abaissement du taux de fécondité et la réduction des conflits pourraient stimuler sensiblement la prospérité économique et le bien-être social sur le continent durant les prochaines décennies.
Dans le scénario d’un maintien de la trajectoire de croissance actuelle, le PIB cumulé des pays africains devrait s’élever à environ 8700 milliards de dollars en 2043, contre 3100 milliards de dollars en 2019, selon un rapport publié en septembre 2022 par le think tank sud-africain Institute for Security Studies (ISS Africa).
Intitulé « L’Afrique de demain – Les voies de la prospérité », le rapport précise qu’une mise en œuvre complète des recommandations définies dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA) pourrait cependant catapulter le PIB du continent à 15 200 milliards de dollars en 2043. Au lieu de représenter 5 % de l’économie mondiale en 2043, l’économie africaine en représenterait ainsi près de 9 %.
Elaboré par Jakkie Cilliers, fondateur de l’Institute for Security Studies, le rapport de prospective tente de prévoir à quoi pourrait ressembler l’Afrique à l’horizon 2043 en se basant d’une part sur le scénario d’un maintien des trajectoires actuelles et d’autre part sur le scénario d’une mise en œuvre de réformes dans divers domaines.
L’étude souligne qu’une réduction des conflits sur le continent, conformément au plan d’action « Faire taire les armes en Afrique » de l’UA, permettrait aux pays africains de consacrer 123 milliards de dollars aux budgets de défense en 2043 contre 150 milliards dans le cas d’un maintien des trajectoires actuelles, ce qui permettrait d’orienter des dépenses supplémentaires vers l’éducation, la santé ou encore les infrastructures.
De plus, l’amélioration de la stabilité permettrait d’attirer davantage d’investissements étrangers, qui stimuleront la croissance économique et la taille de l’économie. Si l’Afrique parvient à faire taire les armes, cela ajouterait en effet quelque 468 milliards de dollars à son PIB d’ici 2043 par rapport au scénario d’un maintien du statu quo.
De son côté, le PIB par habitant passerait de 7157 $ en 2043 dans le scénario du maintien de la trajectoire actuelle à 7423 $ dans le cas d’une réduction significative des conflits.
L’espérance de vie moyenne atteindra 72,1 ans.
Les sous-régions qui pourraient profiter le plus d’une importante baisse des conflits sont naturellement celles qui sont les plus instables actuellement, en l’occurrence l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
D’autre part, le rapport s’attend à ce que le taux d’extrême pauvreté, définie par le seuil de 1,90 dollar par jour pour vivre, passe de 49 % en 2019 (640 millions de personnes sur un total de 1,3 milliard d’Africains) à 44 % (755 millions de personnes sur 1,7 milliard) en 2030, puis à 33 % (731 millions de personnes sur 2,1 milliards) en 2043.
S’agissant des tendances démographiques, la population du continent devrait passer de 1,3 milliard d’âmes en 2019 à 2,2 milliards en 2043, avant d’atteindre 3 milliards en 2063.
Cet accroissement rapide de la population ne permettra pas à l’Afrique de bénéficier d’un dividende démographique durant les deux prochaines décennies, à l’exception d’une poignée de pays : le Maroc, l’Egypte, les Seychelles, l’Ile Maurice et l’Afrique du Sud.
Le dividende démographique est défini comme étant l’accélération de la croissance économique et du bien-être social qui peuvent résulter d’une baisse rapide de la fécondité d’un pays et de l’évolution ultérieure de la structure par âge de sa population, avec l’augmentation de la part de la population active (non-dépendante) et la baisse la population « dépendante » (les plus jeunes et les plus âgés).
Au vu des tendances actuelles, l’Afrique subsaharienne ne bénéficiera d’un dividende démographique qu’après 2050. Mais dans le scénario d’une baisse rapide de la fécondité, la région pourrait atteindre le dividende démographique à partir de 2043.
Le rapport indique par ailleurs que l’espérance de vie moyenne en Afrique devrait atteindre 72,1 ans en 2043 contre 65,8 ans en 2019 si le continent maintient ses trajectoires de développement actuelles.
Dans le cas d’une amélioration de l’accès aux soins de santé et aux services publics d’eau et d’assainissement, l’espérance de vie atteindra 72,8 ans. Le Lesotho, l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Soudan du Sud et le Tchad devraient être les pays qui progresseront le plus dans ce domaine.
Réagissez à cet article