Destitué par les putschistes menés par le capitaine Ibrahim Traoré, le chef de la junte militaire qui dirigeait le pays depuis janvier 2022 a accepté de démissionner sous conditions, avant de s’envoler pour Lomé au Togo.
Deux jours après sa destitution par le capitaine Ibrahim Traoré, le chef de la junte au pouvoir au Burkina Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a accepté de démissionner, dimanche 2 octobre, sous quelques conditions.
Sa démission a été annoncée dans une déclaration commune des faîtières des communautés religieuses et coutumières, qui ont joué le rôle de médiateurs entre le capitaine Traoré et son prédécesseur.
« À la suite des actions de médiation, le président Paul-Henri Sandaogo Damiba a proposé lui-même sa démission, afin d’éviter des affrontements aux conséquences humaines et matérielles graves », ont indiqué les chefs religieux et coutumiers dans un communiqué.
Selon eux, le lieutenant-colonel Damiba a posé sept conditions à sa démission, dont la garantie de sa sécurité et de ses droits ainsi que ceux de ses collaborateurs, la garantie de la sécurité et de la non-poursuite des militaires engagés à ses côtés, et le respect des engagements pris avec la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour le retour du pouvoir aux civils d’ici deux ans.
Ces conditions ont été acceptées par le capitaine Ibrahim Traoré, le nouveau chef du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), la junte militaire de transition proclamée au Burkina Faso après le coup d’État du 24 janvier 2022.
Quelques heures plus tard, le lieutenant-colonel Damiba s’est envolé de Ouagadougou pour se réfugier au Togo. Son arrivée à Lomé a été confirmée aux médias par des sources officielles togolaises.
La CEDEAO « salue les différentes parties »
Dans un communiqué rendu public dimanche soir, la CEDEAO a salué « les différentes parties au Burkina Faso pour avoir accepté un règlement pacifique de leurs différends ». L’organisation sous-régionale « note en particulier la décision du lieutenant-colonel Damiba de renoncer à ses fonctions de président du gouvernement de transition […] afin d’éviter une confrontation violente et un éventuel bain de sang ».
La CEDEAO « exige » des autorités burkinabè qu’elles respectent leurs engagements liés à l’organisation des élections pour un retour à l’ordre constitutionnel d’ici juillet 2024.
Suite à l’annonce de la destitution du lieutenant-colonel Damiba, dans la soirée du vendredi 30 septembre, l’incertitude a régné sur le camp, où le pouvoir aurait basculé pendant près de 48 heures. Le désormais ex-chef de la junte burkinabè avait fait savoir au départ qu’il n’entendait pas abdiquer, en dépit de manifestations à Ouagadougou réclamant son départ.
Son successeur bénéficie désormais du soutien de la chaîne de commandement des forces armées. Mais le MPSR a précisé, dans un communiqué, que l’expédition des affaires courantes de l’État serait assurée par le capitaine Traoré « jusqu’à la prestation de serment du président du Faso, qui sera désigné par l’ensemble des forces vives de la nation ».
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