De l’émergence de mégapoles de plus de 10 millions d’âmes, aux prévisions de croissance annonçant près de 2,4 milliards d’habitants en l’Afrique d’ici 2050 (ONU), en passant par le manque d’infrastructures adaptées, le parc automobile plus important et l’insuffisance d’offres publiques de transport collectif, l’évidence des défis de décarbonatation des transports sur le continent noir au cours des prochaines décennies se profile de plus en plus.
Dans un récent rapport, Electricity Lawyer a évoqué les challenges de durabilité actuels et futurs en Afrique liés à l’explosion des besoins en transport urbain, et propose des approches inspirées de modèles de développement des transports en commun en occident et dans quelques pays africains.
Toujours selon le rapport, le pétrole représente 25% de l’approvisionnement énergétique du continent, tandis que le secteur des transports est responsable de 29% des émissions totales provenant des combustions fossiles. Cette industrie devrait ainsi être au cœur des politiques globales visant à réduire les émissions de carbone, même si l’Afrique participe relativement peu au réchauffement climatique à l’échelle planétaire.
Des outils comme l’agenda 2063 de l’Union africaine ou les Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU devraient en l’occurrence orienter les stratégies des gouvernements vers des politiques favorisant la transition énergétique.
Celles-ci doivent inclure selon le rapport, l’exploitation plus valorisante de ressources minières critiques utilisées dans la fabrication de batteries pour véhicules électriques, l’élaboration de plans stratégiques futuristes intégrant une refonte des systèmes nationaux de transport, avec des infrastructures plus modernes tels que le Train express régional (TER) ou le projet BRT de Dakar.
Depuis sa mise en exploitation fin 2021, la phase 1 du TER de Dakar a déjà permis d’éviter le rejet dans la nature de 92 000 tonnes d’équivalents CO2, d’après le rapport. Cette dynamique devrait être renforcée par le réseau BRT qui exploitera 121 bus électriques dotés de batteries d’une capacité de 563,8 KWh.
Sur le plan infrastructurel, l’autre défi capital concerne le développement de routes adaptées au transport non motorisé (marche, vélo, trottinette, etc.). Le rapport préconise de même la mise en place de cadres juridiques et réglementaires adaptées aux pays pour organiser la concrétisation des politiques des pays en la matière, mobiliser des investissements et autres ressources (la taxe carbone par exemple), etc.
Ces politiques d’ordre stratégique pour la plupart nécessitent par ailleurs d’être appuyée par des mesures incitatives (crédits d’impôts, droits de douanes et frais d’immatriculation réduits, et autres subventions) pour encourager l’utilisation de véhicules électriques et hybrides, la construction de bornes de recharges, de même que le développement d’autres modèles de transport en commun comme le covoiturage.
« Contrairement à d’autres régions du monde, l’Afrique a la possibilité d’éviter les blocages négatifs associés aux systèmes de transport à forte émission et aux véhicules. Toutefois, cette transition doit s’accompagner d’une réduction de la pauvreté et d’une augmentation de la prospérité, ce qui nécessite une réorientation globale du développement socio-économique plutôt que des politiques environnementales isolées ».
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