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Agence Ecofin
14 novembre 2023 Dernière mise à jour le Mardi 14 Novembre 2023 à 07:00

L’ambition affichée par le gouvernement camerounais, à travers la convention de non-double imposition signée avec Beijing, est de doper davantage le niveau actuel de la coopération économique avec la Chine.

Dans une note d’information publiée ce 17 octobre 2023, le ministère des Finances du Cameroun annonce avoir signé, ce même jour à Beijing, en Chine, une convention fiscale avec l’empire du Milieu. Le document signé côté camerounais par Louis Paul Motazé, le ministre des Finances, apprend-on officiellement, vise « l’élimination de la double imposition en matière d’impôt sur le revenu, et la prévention de la fraude et de l’évasion fiscale ».

Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la double imposition, reconnue comme une source d’obstacles aux échanges commerciaux et aux investissements entre les pays, « résulte de la perception d’un impôt comparable dans deux États, auprès d’un même contribuable (individus ou entreprises), sur une même matière imposable et pour une même période de temps ». Afin d’éviter cette pratique qui, selon les experts, freine le commerce international, les investissements transfrontaliers et les mouvements des personnes, les États signent généralement des conventions fiscales.

SND 30

À en croire le ministère des Finances, celle que vient de signer le Cameroun et la Chine, au terme « d’un long processus de négociations entamé en 2013 », marque « une étape décisive dans la mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30) et vers l’émergence de notre pays à l’horizon 2035 ». 

Ceci dans la mesure où, observe le ministère des Finances, « la Chine étant l’un des premiers partenaires économiques et commerciaux du Cameroun, il était nécessaire de négocier une convention fiscale, afin de lever les obstacles au plan fiscal des échanges entre les deux pays, notamment la double imposition des entreprises qui opèrent dans les deux pays ».

En effet, depuis plus de 20 ans, la Chine est devenue le premier client (25,8% de parts de marché en 2021, selon l’INS) et le premier fournisseur du Cameroun (17,5% de parts de marché en 2020), de même que ce pays d’Asie s’adjuge la place de premier investisseur au Cameroun. Selon les données contenues dans le rapport 2021 sur l’investissement dans le monde publié par la Cnuced, le stock d’investissements directs étrangers (IDE) capté par le Cameroun entre 2000 et 2020 est estimé à 9 026 millions de dollars (5 434,3 milliards FCFA), principalement grâce à la Chine. 

« Entre 2000 et 2014, le Cameroun a capté 2 750 milliards FCFA d’investissements directs étrangers, dont 1 850 milliards FCFA provenant de la Chine. Ce qui représente environ 67% des IDE entrant au Cameroun », souligne par exemple un document de la présidence de la République, citant les données de la Cnuced.

L’ambition affichée par le gouvernement camerounais, à travers la convention fiscale signée ce mardi 17 octobre à Beijing, est donc de doper davantage le niveau actuel de la coopération économique avec la Chine. « Cet accord boostera sans doute les échanges entre le Cameroun et la Chine, et permettra d’attirer encore davantage les investissements chinois au Cameroun », lit-on d’ailleurs dans la note d’information du ministère des Finances.

L’exploitation minière en ligne de mire ?

L’on peut observer que la signature de cette convention fiscale survient au moment où le gouvernement camerounais s’est engagé dans la concrétisation de projets d’exploitation de minerais, très souvent prisés par la Chine. C’est le cas du projet minier de Mbalam-Nabeba, gisement de fer de niveau mondial à cheval sur le Cameroun et le Congo.

Pour la construction du chemin de fer rendant exploitable ce gisement, l’État du Cameroun a jeté son dévolu sur le véhicule d’investissements Bestway Finance, qui s’est allié au Chinois AustSino. Quant à la licence d’exploitation du gisement, elle a été octroyée le 17 août 2022 à Cameroon Mining Company, entreprise également liée à Bestway Finance, qui a récemment annoncé des accords avec au moins quatre entreprises chinoises sur le projet. 

Sur le gisement de fer de Lobé, à Kribi, dans la région du Sud, c’est au Chinois Sinosteel qu’est revenu le permis d’exploitation signé le 1er juillet 2022 par le chef de l’État camerounais.

En paraphant cet accord avec la Chine, le Cameroun compte désormais 15 conventions de non-double imposition et deux conventions multilatérales à portée globale. Au niveau bilatéral, il s’agit des conventions signées avec la France (1976), le Canada (1988), la Suisse (1990), la Tunisie (1999), le Maroc (2012), l’Afrique du Sud (2015), les Émirats arabes unis (2017), l’Allemagne (2017), la République tchèque (2023) et les six pays membres de la Cemac. 

Mais à l’observation, ces conventions ne garantissent pas toujours une hausse des IDE pour le Cameroun. Et pour preuve, depuis la signature de la convention avec les Émirats arabes unis en 2017, on attend toujours la concrétisation du premier investissement en provenance de ce pays.

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