L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appelle à une réponse renforcée et concertée ; en RDC, des cas suspects de fièvre jaune ont été signalés dans la province du Kwilu, tandis qu'au Nigéria, des intoxications alimentaires mortelles sont signalées dans l'État de Nasarawa, et on signale des bactéries résistantes aux antibiotiques chez les nourrissons…
La mpox déclarée urgence de santé publique
Cette semaine, les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont déclaré que l’épidémie de mpox (anciennement “variole du singe”) constituait une urgence de santé publique de portée internationale et continentale. Avec plus de 17 000 cas suspectés ou confirmés et un bilan dévastateur de 500 morts dans au moins 12 pays, l’épidémie a dépassé l’ampleur des années précédentes.
Selon l’Africa CDC, cette décision reflète l’escalade alarmante de l’épidémie de mpox sur le continent. Elle vise à renforcer la réponse collective face à la crise. En mobilisant des ressources et en améliorant la coordination régionale, l’Africa CDC cherche à intensifier les efforts de prévention et de traitement. L’objectif est de freiner la propagation de la maladie à travers le continent, en augmentant la sensibilisation et en assurant une intervention rapide pour protéger la santé publique.
La réponse de l’OMS à l’épidémie croissante de mpox
De son côté, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appelle à l’intensification des mesures de contrôle et de coordination, en raison de l’émergence de la nouvelle souche du virus et de son expansion rapide dans la région africaine et au-delà. Pour l’agence onusienne, les efforts incluent non seulement le déploiement d’experts et des financements pour accélérer les réponses aux épidémies, mais aussi la mise en place de collaborations transfrontalières pour l’enquête sur les cas, le traçage des contacts et la sensibilisation des communautés.
« Nous travaillons d’arrache-pied en première ligne, en étroite collaboration avec les gouvernements et les communautés pour renforcer les mesures de lutte contre la variole, et nous redoublons d’efforts pour enrayer la propagation du virus grâce à une action coordonnée avec les partenaires et les autorités nationales », a déclaré le Dr Matshidiso Moeti, directeur régional de l’OMS pour l’Afrique.
Dans le même temps, plusieurs pays ont annoncé un renforcement de leur surveillance épidémiologique. C’est notamment le cas du Togo, en Afrique de l’Ouest.
Le Mpox, causé par un Orthopoxvirus, est endémique en Afrique centrale et de l’Ouest.
Promesses de vaccins
Le vaccin contre la variole, efficace à 80 % contre le mpox, reste le seul remède potentiel. En Europe, la France a annoncé un don de vaccins aux pays les plus touchés, à travers son Premier ministre Gabriel Attal. Jeudi, la Suède a détecté un cas du clade 1b du mpox, une souche plus virulente et mortelle, similaire à celle apparue en République Démocratique du Congo en septembre 2023. Vendredi, c’est le Pakistan qui signalait son premier cas.
RDC : des cas suspects de fièvre jaune au Kwilu
En République Démocratique du Congo (RDC), la province du Kwilu signale cinq cas suspects de fièvre jaune. Dans la zone de santé de Kimputu, située dans le territoire d’Idiofa, les sujets sont des enfants âgés de 5 à 7 ans, présentant des symptômes caractéristiques de cette maladie virale transmise par les moustiques. Les échantillons prélevés ont été envoyés à la branche de Kikwit du Programme Élargi de Vaccination (PEV) avant d’être transférés à l’Institut National de Recherche Biomédicale (INRB) pour des analyses approfondies.
En attendant, les autorités locales de santé se mettent en alerte afin d’éviter la propagation de la maladie, car celle-ci pourrait avoir des répercussions importantes sur la santé publique si elle n’est pas rapidement maîtrisée. Endémique dans certaines régions du continent, la fièvre jaune peut se présenter sous des symptômes divers, notamment la fièvre, bradycardie, fatigue, céphalée, et vomissements. Elle est transmise par les moustiques du genre Aedes, qui servent à la fois de vecteur et de réservoir pour son virus.
Nigeria : mortelles intoxications alimentaires dans l’État de Nasarawa
Au Nigéria, l’État de Nasarawa signale une tragédie qui a frappé la communauté de Gidinye dans le district de Jenkwe. Cinq enfants y sont décédés dans des conditions mystérieuses. Les victimes, âgées de 5 à 15 ans, sont mortes en l’espace de 24 heures après avoir présenté des symptômes gastro-intestinaux, principalement des douleurs abdominales et des vomissements. Selon la plateforme Promed, les premiers éléments suggèrent une intoxication alimentaire liée à un plat local préparé avec des feuilles de yakuwa (oseille) et des arachides, lavé avec de la potasse.
Une enquête par les autorités locales et le réseau EpiCore a estimé que le repas, consommé 24 heures avant les premiers symptômes, pourrait être à l’origine des décès. En réponse, les échantillons de sang et d’urine prélevés sur les enfants décédés, ainsi que sur les parents ayant consommé le même plat sans développer de symptômes, sont actuellement en analyse. Les résultats, qui devraient clarifier la cause de cette tragédie, sont attendus avec impatience. En attendant, les autorités appellent à une vigilance accrue pour éviter d’autres incidents similaires.
Nigeria : chez les nourrissons, des bactéries résistantes aux antibiotiques
Toujours dans le pays le plus peuplé d’Afrique, une récente étude a révélé que des bactéries résistantes à la colistine, un antibiotique de dernier recours, ont été trouvées chez des nourrissons et leurs mères. Ces échantillons, prélevés entre 2015 et 2017 dans des hôpitaux de Kano et Abuja, montrent que 1 % des échantillons contenaient des gènes de résistance à la colistine. Bien que ce pourcentage semble faible, de tels cas sont jugés alarmants chez des bébés dès la première semaine de vie.
La colistine est considérée comme essentielle pour le traitement des infections graves comme la pneumonie. Ces résultats suggèrent notamment que la résistance pourrait provenir de l’utilisation accrue de la colistine dans l’agriculture au Nigeria, où cette pratique est courante pour favoriser la croissance animale.
Des experts appellent ainsi à une interdiction globale de l’utilisation non réglementée de la colistine dans l’agriculture et à une meilleure surveillance des pratiques agricoles, surtout dans les pays en développement. En 2020, 2,4 millions de nouveau-nés sont morts d’une septicémie au cours du premier mois de leur vie, selon Gavi. La plupart de ces décès sont survenus en Afrique subsaharienne.
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