Entre barrières tarifaires, rançonnements, procédures administratives à rallonge et restrictions non tarifaires, le passage aux frontières terrestres en Afrique est généralement fastidieux. Il faut parfois l’équivalent de 3,2 jours de trajet pour passer certains postes selon la Banque mondiale, notamment pour le fret.
Perturbé par la mauvaise qualité et la faible densité des réseaux routiers, le commerce intra-africain est aussi plombé par les contraintes frontalières terrestres qui sont de taille dans certains pays.
Dans son rapport « Optimal Investments in Africa’s Road Network » publié en septembre 2024, la Banque mondiale évoque les retombées des défauts des corridors routiers sur l’accès au marché.
Le document qui met en exergue les frontières les plus contraignantes pour les expéditions inter-États, évoque notamment les cas des corridors reliant le Nigeria et la République démocratique du Congo à leurs voisins respectifs, le Cameroun au Tchad, le Kenya à l’Ouganda, l’Éthiopie au reste de la corne de l’Afrique, et l’Afrique du Sud au reste de la région australe du continent.
Les contraintes tarifaires et non tarifaires incluent entre autres les barrières réglementaires, les délais de formalités administratives, les coûts associés aux procédures transfrontalières, et le racket policier.
Le passage d’une frontière en Afrique peut ainsi engendrer des coûts supplémentaires équivalant à ceux d’un voyage sur 1043 km de route, soit un trajet d’environ 3,2 jours.
D’après la Banque mondiale, ces contraintes sont assez prononcées dans certains pays comme le Nigeria et l’Afrique du Sud.
Limitation de l’accès au marché
Les marchés d’écoulement et d’approvisionnement voient de ce fait leur accessibilité réduite, limitant les possibilités présentées par la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine) en termes d’intégration régionale et continentale.
La complication des processus logistiques par ces barrières se répercute sur les coûts du transport, avec des tarifs au kilomètre par marchandise pouvant s’élever au double de la moyenne internationale.
Selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la part du commerce intra-africain dans les échanges du continent était d’environ 12% seulement au 1er semestre 2024. « Ces frictions entraînent des pertes d’accès au marché qui varient de 26% à 78%, et peuvent atteindre 80% pour les zones frontalières avec des marchés majeurs comme le Nigeria » précise le rapport de la Banque mondiale.
Les solutions possibles
Pour la Banque mondiale, les goulots d’étranglement aux postes-frontières peuvent être atténués avec la multiplication de postes à guichet unique, concentrant toutes les procédures nécessaires pour les formalités d’entrée et de sortie. De quoi réduire les délais d’attente et les coûts de transport.
Actuellement, l’Afrique de l’Est présente le plus grand nombre de postes frontaliers à guichet unique et le niveau de commerce intra-africain le plus élevé, précise le document.
Cette solution a toutefois ses limites. D’autres défis endogènes continuent d’entraver le libre-échange, notamment le manque de volonté politique pour lever les obstacles non tarifaires (la restriction ou l’interdiction de certains produits), la disparité des politiques commerciales ou encore l’insuffisance d’infrastructures routières.
Selon un autre rapport de l’AFC (Africa Finance Corporation) le réseau routier bitumé en Afrique ne représente qu’à peine 1,5% du total mondial, bien que l’Afrique occupe 20% de la masse terrestre mondiale.
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