image (61)
#Economie #Energie #Euro #Exportation #Gaz #Gnl #Infrastructure #International #Logistique #Portugal #Russie #Transport #Nigeria
Agence Ecofin
14 février 2025 Dernière mise à jour le Vendredi 14 Février 2025 à 07:00

Depuis 2022, l’Europe accélère sa diversification énergétique pour réduire sa dépendance au gaz russe. Cette reconfiguration des flux gaziers profite à de nouveaux acteurs, notamment des pays africains qui renforcent leurs capacités d’exportation.

Depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, le Portugal a intensifié ses efforts pour réduire sa dépendance au gaz russe en diversifiant ses sources d’approvisionnement. Parmi ses nouveaux fournisseurs, le Nigeria s’impose comme un partenaire clé.

Mais alors que le pays d’Afrique de l’Ouest occupe désormais la première place dans les importations portugaises de gaz naturel liquéfié (GNL), des incertitudes persistent quant à la pérennité de cet approvisionnement et l’avenir du gaz nigérian dans la zone euro. 

Le Nigeria, premier fournisseur du Portugal en 2024

En 2024, le Portugal a importé 49 141 gigawattheures (GWh) de gaz naturel, dont 96 % sous forme de GNL. Selon les données du ministère portugais de l’Énergie, le Nigeria a fourni 51 % de ces importations, suivi des États-Unis (40 %) et de la Russie (4,4 %).

Un bond considérable par rapport à 2021, où la Russie représentait encore 15 % des importations gazières portugaises. Et à en croire la ministre portugaise de l’Énergie, Maria da Graça Carvalho, les importations de GNL depuis le pays ouest-africain devraient grimper davantage au cours des prochaines années.

Cette évolution s’inscrit dans une dynamique plus large. À la suite des sanctions européennes contre Moscou et de la fin de l’accord de transit gazier entre la Russie et l’Ukraine en 2024, l’Europe a dû accélérer la diversification de ses approvisionnements énergétiques.

Selon une analyse publiée le 28 janvier 2025 par la société britannique d’analyses de données énergétiques Energy Aspects, la perte par l’Europe de 15 milliards de mètres cubes de gaz russe a intensifié la concurrence entre le vieux continent et l’Asie pour l’accès aux cargaisons de GNL. 

Un marché mondial sous tension, une opportunité pour le Nigeria

photo gaz

L’Europe, confrontée à l’incertitude sur ses approvisionnements en gaz, a renforcé ses liens avec plusieurs fournisseurs alternatifs, notamment les États-Unis et le Nigeria.

Cependant, le GNL américain, bien que disponible en grandes quantités, reste coûteux à transporter. Cela renforce l’attractivité du gaz nigérian, dont les coûts logistiques sont comparativement plus compétitifs.

Le pays dispose d’une grande capacité d’exportation, grâce à Nigeria LNG Limited (NLNG), qui produit environ 22 millions de tonnes de GNL par an.

Ce volume de GNL pourrait encore croître avec l’extension des infrastructures gazières, notamment avec la mise en service d’un septième train de liquéfaction. Toutefois, le Nigeria fait face à une concurrence accrue d’autres producteurs africains comme l’Algérie et le Mozambique, qui renforcent leurs capacités d’exportation et lorgnent l’Europe. 

À plus long terme, un projet structurant pourrait redéfinir les flux d’approvisionnement en gaz vers l’Europe : le gazoduc Nigeria-Maroc d’une capacité estimée à 30 milliards de mètres cubes par an. Prévu pour traverser une dizaine de pays d’Afrique de l’Ouest avant d’être relié au Gazoduc Maghreb-Europe (GME), il permettrait d’acheminer directement du gaz nigérian vers l’Europe. 

Des défis à surmonter 

Malgré ces perspectives favorables, plusieurs obstacles restent à franchir pour que le Nigeria consolide son rôle de fournisseur stratégique du Portugal et, plus largement, de l’Europe.

D’une part, les défis sécuritaires dans le delta du Niger demeurent une préoccupation, dans un contexte toujours volatile. Ces risques affectent la fiabilité des approvisionnements et constituent un facteur d’incertitude pour les acheteurs européens.

D’autre part, le financement des nouvelles infrastructures, notamment le gazoduc Nigeria-Maroc, représente un défi de taille. Lors du Forum économique mondial, les autorités nigérianes et leurs partenaires ont rencontré plusieurs investisseurs pour tenter d’accélérer le financement du projet.

Réagissez à cet article

Vos commentaires

Rejoignez la discussion

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *