Dans l’actualité santé en Afrique, plusieurs épidémies suscitent l’attention : de la résurgence du virus Marburg en Tanzanie à la flambée de choléra en Angola, en passant par la hausse inquiétante des cas de rougeole au Maroc. Ceci étant, des avancées sont également signalées, avec des essais cliniques innovants contre le mpox ou la peste bubonique à Madagascar. Dans le même temps, la Sierra Leone et le Togo renforcent leurs dispositifs de surveillance en réponse à des menaces sanitaires émergentes…
L’Afrique en première ligne d’un essai clinique contre le mpox
L’essai clinique panafricain MOSA démarre sa phase d’enrôlement à l’hôpital de Mbandaka, en RDC. Annoncé il y a quelques semaines par le CDC Afrique, en collaboration avec la plateforme PANTHER, celui-ci vise à tester des antiviraux pour lutter contre le mpox.
Brincidofovir, un antiviral étudié dans le cadre de cet essai, pourrait ouvrir la voie à des traitements prometteurs. Avec une première analyse prévue d’ici fin mars 2025, le MOSA pourrait transformer la prise en charge du mpox tout en renforçant la capacité de recherche du continent.
Le mpox a été déclaré urgence sanitaire continentale en 2024.
Madagascar un essai clinique contre la peste bubonique
Un autre essai clinique, IMASOY, mené cette fois à Madagascar entre 2020 et 2024, marque une avancée dans le traitement de la peste bubonique. Avec 450 patients inclus dans 87 sites répartis sur 11 districts, cet essai randomisé est le premier de son genre à aboutir. De quoi offrir de nouvelles perspectives pour la prise en charge de cette zoonose endémique.
IMASOY, porté par l’Institut Pasteur de Madagascar et ses partenaires internationaux, a évalué l’efficacité de deux traitements sur 10 jours. Les résultats, combinant données cliniques et biologiques, contribueront à améliorer les protocoles nationaux et internationaux.
Pour la grande-Île, qui représente plus de 90 % des cas mondiaux de peste bubonique, c’est un essai important.
Une percée scientifique pour lutter contre la fièvre de la Vallée du Rift
Afrigen Biologics, une entreprise biotechnologique sud-africaine, s’apprête à développer le premier vaccin à ARN messager contre la fièvre de la Vallée du Rift, une maladie transmise par les moustiques qui sévit en Afrique et au Moyen-Orient. Ce projet est soutenu par une subvention de 6,2 millions USD de la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI).
La fièvre de la Vallée du Rift, identifiée pour la première fois au Kenya dans les années 1930, peut provoquer une forme hémorragique sévère chez 1 à 2 % des patients, avec un taux de mortalité atteignant 50 %.
Bien qu’un vaccin animal existe, aucune solution humaine n’est encore homologuée. À terme, ce projet, qui s’appuie sur l’expertise mRNA d’Afrigen, pourrait révolutionner la prévention dans les régions à risques.
Le CDC Afrique alerte sur une explosion des épidémies en 2024
En 2024, l’Afrique a enregistré 213 épidémies, un bond significatif par rapport aux 166 recensées en 2023, selon le CDC Afrique.
Le choléra, en tête des crises sanitaires, a causé 3747 décès parmi 204 115 cas signalés. La rougeole a suivi avec 234 320 cas et 3220 décès, tandis que le mpox a touché 77 888 personnes dans 21 pays, entraînant 1321 décès.
Pour Jean Kaseya, cette hausse reflète l’impact croissant du changement climatique, de l’urbanisation et de systèmes de santé fragiles. Le responsable appelle à des investissements massifs dans les infrastructures de santé, la production locale de vaccins et le renforcement des capacités de diagnostic et de gestion des urgences.
Maroc : une épidémie de rougeole préoccupante
Depuis le début de cette année, le Maroc a enregistré plus de 3600 cas de rougeole et cinq décès, selon le ministère de la Santé. L’épidémie, débutée en octobre 2023 dans la région de Souss-Massa, a depuis touché les 12 régions du pays, avec un total cumulé d’environ 24 500 cas, dont 6300 confirmés et 116 décès.
La baisse de la couverture vaccinale, aggravée par l’hésitation vaccinale post-Covid-19, est pointée du doigt par le ministre de la Santé, Amine Tahraoui. Les enfants de moins de 12 ans représentent près de la moitié des décès.
Tanzanie : l’épidémie de Marburg sous surveillance internationale
Face à la nouvelle épidémie de la maladie à virus Marburg (MVD) signalée en Tanzanie, dans la région de Kagera (avec un cas confirmé et 25 autres suspects), le CDC Afrique a annoncé avoir déployé une équipe multidisciplinaire pour renforcer la surveillance, les diagnostics et la gestion des cas. L’institution alloue également 2 millions de dollars pour soutenir les efforts de riposte, en collaboration avec le gouvernement tanzanien et des partenaires internationaux, dont l’OMS.
Selon le Dr Jean Kaseya, directeur général de l’agence sanitaire panafricaine, des actions rapides et coordonnées, appuyées par les ressources techniques et financières disponibles, permettront de contenir cette crise, comme lors de l’épisode de 2023.
La Sierra Leone déclare l’urgence sanitaire après deux cas de mpox
Le gouvernement sierra-léonais a déclaré une urgence sanitaire, ceci suite à la confirmation de deux cas de mpox. La mesure vise à mobiliser des ressources pour contenir la propagation et fournir des soins adaptés aux personnes touchées. Le ministre de la Santé, Austin Demby, a annoncé dans la foulée le renforcement de la surveillance aux frontières, l’amélioration des capacités de dépistage et le lancement d’une campagne nationale de sensibilisation. Ces actions s’appuient sur l’expérience acquise lors des crises d’Ebola et de Covid-19.
Causé par un virus proche de la variole, le mpox se manifeste par de la fièvre et des lésions cutanées. Identifiée initialement en RDC en 1970, la maladie a récemment émergé dans plusieurs régions du monde.
Nigeria : vigilance renforcée face à une épidémie de charbon animal
Au Nigeria, le gouvernement fédéral a confirmé une épidémie de charbon dans une ferme de l’État de Zamfara, au nord-ouest du pays. Provoquée par Bacillus anthracis, cette maladie zoonotique peut toucher le bétail, la faune et les humains, avec un risque élevé de mortalité.
Les autorités appellent à une vigilance accrue, notamment dans les États voisins, et insistent sur la nécessité d’un signalement rapide des cas suspects. Des mesures préventives, comme la vaccination des animaux dans les zones à risque, sont essentielles pour limiter la propagation.
Le ministère du Développement de l’Élevage collabore étroitement avec les parties prenantes pour une réponse rapide et coordonnée. « La détection précoce et des actions immédiates sont cruciales », souligne le Directeur des relations publiques, Ben Goong.
Nigeria : le choléra fait 9 victimes dans l’État de Rivers
Toujours au Nigéria, une épidémie suspectée de choléra a fait 9 morts dans les zones d’Andoni et d’Akuku-Toru, dans l’État de Rivers, au Nigeria. Selon la commissaire à la santé, le Dr Adaeze Oreh, 41 cas ont été recensés depuis le 11 janvier 2025. Les symptômes rapportés, cohérents avec la définition de surveillance du choléra, soulignent l’urgence de cette crise sanitaire, exacerbée par de faibles infrastructures en eau et hygiène.
L’État, sujet à de telles épidémies en saison sèche, a déployé du reste une équipe de réponse rapide pour contenir cette propagation. On appelle du reste à la prudence, tout en encourageant des pratiques d’hygiène rigoureuses pour limiter les risques. L’accès à une eau potable et des campagnes de sensibilisation figurent parmi les priorités actuelles.
Fièvre hémorragique Crimée-Congo : un décès signalé au Sénégal
Au Sénégal, deux cas de fièvre hémorragique Crimée-Congo (FHCC), dont un décès, ont été confirmés dans le district sanitaire de Birkilane, région de Kaffrine. Selon le Dr Mbaye Thiam, directeur régional de la santé, 51 contacts identifiés sont sous surveillance médicale.
La FHCC est une zoonose transmise par des tiques ou par contact direct avec le sang ou les tissus d’animaux infectés. Elle représente une menace récurrente dans la région. Si l’un des patients montre des signes de rétablissement, cet épisode rappelle l’urgence d’intensifier la sensibilisation et les mesures de prévention face aux maladies zoonotiques.
Togo : épidémie de méningite à Kara
Au Togo, une épidémie de méningite frappe la région de Kara, au nord du pays, notamment le district de Dankpen. Face à cette urgence sanitaire, le ministère de la Santé, dirigé par le professeur Tchin Darre, a mobilisé des équipes médicales pour intensifier le dépistage précoce et assurer la prise en charge des cas confirmés.
Des campagnes de sensibilisation informent les populations sur les symptômes tels que fièvre, céphalées intenses, vomissements, raideur de la nuque et troubles de la conscience. La méningite, transmissible par gouttelettes respiratoires, est aggravée par les conditions de promiscuité.
Le ministère recommande la vaccination, le port du masque contre la poussière, et des mesures d’hygiène strictes. La vigilance et une réaction rapide des citoyens sont essentielles pour contenir cette crise.
Angola : une flambée de choléra frappe quatre provinces
Depuis le 7 janvier, l’Angola fait face à une épidémie de choléra, avec 576 cas signalés et 29 décès, principalement dans la province de Luanda, qui enregistre 416 infections. Quatre provinces sont touchées : Bengo, Malanje, Luanda et Icolo e Bengo, impliquant 19 municipalités. Le ministère de la Santé intensifie les efforts pour contenir la propagation de cette maladie liée à de mauvaises conditions d’hygiène et à l’eau contaminée. Dans le pays, la dernière épidémie majeure remonte à 2018, avec 1 262 cas et 19 décès enregistrés.
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