Situé dans le nord-est du pays, l’axe El Wak-Modogashe est considéré comme stratégique pour le désenclavement régional. Son aménagement, amorcé avec l’appui de la Banque mondiale et de la BAD, marque une étape clé du développement du corridor Isiolo-Mandera.
La KeNHA, l’agence responsable de l’entretien et du développement des routes au Kenya, a lancé, la semaine dernière, les travaux de construction de la route El Wak-Modogashe. Cet axe stratégique de 749 kilomètres fait partie du corridor Isiolo-Mandera, considéré comme l’une des infrastructures les plus structurantes pour le développement du Kenya à l’horizon 2030. Le lancement intervient après l’activation des financements mobilisés auprès de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD), dans le cadre du Horn of Africa Gateway Development Project (HoAGDP).
Aucune déclaration officielle ne confirme encore le démarrage effectif des travaux, mais plusieurs médias locaux rapportent que des activités préparatoires sont en cours. Ce vaste programme régional vise à renforcer la connectivité dans la Corne de l’Afrique, à travers l’aménagement de corridors logistiques, le désenclavement de zones marginalisées et l’intégration de services numériques.
En février 2025, KeNHA avait annoncé cinq étapes clés en amont du lancement opérationnel du projet. Ces phases comprennent notamment la réception du financement de la BAD pour la section El Wak-Rhamu, le lancement d’appels d’offres pour les travaux, la mise en œuvre d’un programme de sensibilisation à la sécurité routière, la conduite d’audits de sécurité sur le tracé et la mobilisation logistique des équipes sur le terrain. Le montant total engagé pour le projet dépasse les 971 millions de dollars, dont 756,3 millions de dollars alloués par la Banque mondiale pour la modernisation de 365 kilomètres de routes principales et secondaires, ainsi que le déploiement d’une fibre optique le long du corridor. La Banque africaine de développement (BAD) contribue également à hauteur de 215 millions de dollars.
Selon la presse nationale, des actions concrètes ont débuté début avril, incluant la reconnaissance des sites, des études d’impact environnemental, des rencontres communautaires et la préparation du chantier. Le projet est divisé en plusieurs segments, notamment Isiolo-Kulamawe-Modogashe, Modogashe-Wajir, Wajir-Kutulo-El Wak et El Wak-Rhamu-Mandera. La section El Wak-Modogashe, longtemps limitée à une piste de terre difficilement praticable, fait partie des priorités dans l’ouverture de l’axe complet.
Le projet vise à désenclaver le nord-est du Kenya, une région longtemps marginalisée dans les investissements publics, en facilitant les échanges de biens et de personnes, en réduisant les coûts logistiques et en soutenant les économies locales, notamment pastorales. Le corridor Isiolo-Mandera est aussi destiné à renforcer les échanges transfrontaliers avec la Somalie (via Bula Hawo) et l’Éthiopie (via Dolo), tout en s’insérant dans le corridor LAPSSET, vaste projet d’intégration régionale autour du port de Lamu.
Outre son volet routier, le projet inclut aussi l’installation de la fibre optique, qui vise à améliorer la couverture Internet, l’inclusion financière, l’accès à l’éducation en ligne et la numérisation des services publics dans une zone faiblement connectée. Des postes de contrôle et de douane modernisés seront également érigés.
Prévu pour être livré en juin 2028, le projet fait face à plusieurs incertitudes opérationnelles, notamment les risques sécuritaires liés aux activités d’Al-Shabaab, les aléas climatiques comme les inondations saisonnières, et les défis administratifs ayant déjà causé des retards.
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