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#Economie #Soudan
administrateur_ecomnews
3 octobre 2025 Dernière mise à jour le Vendredi 3 Octobre 2025 à 06:23

Au Soudan, l’économie informelle occupe une place majeure dans un contexte marqué par des conflits persistants, une instabilité politique et une crise économique profonde. Alors que plus de la moitié de la population vit dans la précarité, la formalisation de ce secteur est à la fois un défi et une opportunité essentielle pour relancer le développement durable.

L’économie informelle au Soudan constitue le pilier invisible de nombreuses activités économiques, en particulier dans un contexte où le secteur formel est fortement fragilisé par les crises successives. Selon diverses estimations, ce secteur pourrait représenter plus de 60% de l’emploi total et près de la moitié du produit intérieur brut du pays, témoignant de son importance cruciale pour la survie économique de millions de Soudanais.

La guerre civile qui a éclaté en avril 2023 a gravement affecté l’économie officielle, provoquant une contraction jusqu’à 42% de la taille globale de l’économie depuis 2022. Face à cette situation, les ménages et les petites entreprises se sont tournés encore davantage vers des activités informelles, par nécessité plus que par choix. Ces activités variées englobent le commerce de proximité, les services non déclarés, l’agriculture de subsistance, ou encore les petits métiers artisanaux.

Cette réalité cache plusieurs enjeux majeurs. Sur le plan économique, l’informalité limite la collecte des recettes fiscales, affaiblissant un État déjà en difficulté pour financer ses dépenses publiques essentielles, notamment dans la santé, l’éducation et la sécurité. Socialement, elle expose les travailleurs à une précarité accrue, avec peu de protections sociales, des conditions de travail souvent difficiles, et une exclusion financière.

Pour autant, la formalisation de cette économie présente des opportunités notables. Elle permettrait non seulement d’élargir la base fiscale et donc de renforcer les capacités d’intervention de l’État, mais aussi d’intégrer pleinement ces activités dans un cadre légal favorable, garantissant aux acteurs un meilleur accès au crédit, à la formation, et aux marchés formels.

Divers programmes internationaux et ONG ont commencé à accompagner le Soudan dans cette voie, avec des initiatives visant à sensibiliser les acteurs informels, simplifier les démarches administratives, ou créer des coopératives. La technologie digitale est aussi un levier clé, facilitant l’enregistrement des micro-entrepreneurs et la traçabilité des transactions.

Cependant, la formalisation reste un processus complexe qui nécessite une stabilité politique et un renforcement des institutions pour être efficace. La volonté politique doit s’accompagner d’une vision équilibrée, reconnaissant que l’économie informelle joue un rôle social vital dans un pays encore en crise.

En conclusion, l’économie informelle au Soudan est à la croisée des chemins entre survie et développement. Sa formalisation progressive pourrait devenir un moteur favorable à la reconstruction économique et à la réduction de la pauvreté, à condition d’être intégrée dans un cadre global de stabilisation politique et d’appui institutionnel.

Ainsi, au cœur des défis soudanais, l’économie informelle représente un puissant levier pour bâtir l’avenir, si elle réussit à sortir de l’ombre pour devenir un pilier reconnu et soutenu de la relance nationale.

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