Selon le World Gold Council, la hiérarchie des producteurs africains d’or est dominée par le Ghana avec 149 tonnes d’or en 2024, suivi du Mali et de l’Afrique du Sud. La Côte d’Ivoire pointe à la septième place, avec une production déclarée de 58 tonnes, soit près du triple du volume livré en 2014.
La Côte d’Ivoire ne cache plus son ambition de bousculer la hiérarchie africaine des producteurs d’or. Si les autorités ont affirmé à plusieurs reprises ces derniers mois vouloir dépasser ou égaler la production d’or de voisins comme le Mali et le Ghana, cet objectif est désormais soutenu par un plan d’action présenté la semaine dernière en Conseil des ministres.
Doté d’un budget global de 38 000 milliards FCFA (67 milliards $) sur 15 ans, ce plan est intitulé Politique intégrée des ressources minérales et de l’énergie (PIRME) et inclut un volet énergétique et hydrocarbures. La part du secteur minier est évaluée à 30 %, soit environ 11 400 milliards FCFA d’investissements à effectuer d’ici 2040. Selon les autorités, les fonds proviendront aussi bien de l’Etat que du secteur privé même si la part exacte de chaque partie n’a pas été détaillée.
Dans les mines et particulièrement pour l’or, le gouvernement ivoirien peut néanmoins s’appuyer sur l’excellente dynamique des investissements du secteur privé. Les compagnies minières, principalement étrangères, se bousculent ces dernières années en Côte d’Ivoire, attirées par l’énorme potentiel géologique (600 tonnes d’or de réserves estimées) et son climat des affaires propice.
Dans un contexte où s’observe la montée du nationalisme des ressources chez certains producteurs d’or de la sous-région, comme le Mali et le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire est saluée pour la facilité qu’ont les investisseurs à y prospérer. Selon le ministre ivoirien des Mines, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, il faut « en moyenne moins de cinq ans » pour exploiter une mine, entre la découverte initiale et la mise en production. Pour Justin Tremain, dirigeant de l’une des sociétés (Turaco) actives dans le secteur aurifère local, la Côte d’Ivoire est même le « meilleur endroit au monde » où développer une mine d’or.
Accélérer le rythme et intégrer l’orpaillage
Portée par cette arrivée croissante d’investisseurs ces dernières années, la production ivoirienne d’or a pratiquement triplé en une décennie, passant d’environ 20 tonnes en 2014 à 58 tonnes l’année dernière. Si on se réfère aux chiffres du World Gold Council, cela place la Côte d’Ivoire à la 7e place des producteurs africains d’or en 2024, derrière ces voisins d’Afrique de l’Ouest comme le Ghana, le Mali, le Burkina Faso ou encore la Guinée. Avec des volumes de 94 tonnes au Burkina Faso ou de 100 tonnes au Mali (ces deux pays ont indiqué avoir produit respectivement 60,7 tonnes et moins de 60 tonnes), ces chiffres sont cependant différents des données officielles des pays concernés. Les écarts peuvent s’expliquer par l’intégration de la production non déclarée, notamment des mineurs artisanaux.
Quoi qu’il en soit, la Côte d’Ivoire doit multiplier par trois sa production d’ici 2040 pour dépasser le niveau actuel du Ghana, leader africain de l’or. Selon la Chambre des Mines du Ghana, les mines du pays ont produit l’année dernière 4,8 millions d’onces (près de 150 tonnes d’or), soit une hausse de 19,3 % en glissement annuel. Au moment où la Côte d’Ivoire s’active pour doper sa production d’or, ses voisins font en effet pareil. Dans son budget 2026 par exemple, Accra a prévu de supprimer une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 15 % appliquée aux frais d’exploration minière, afin de stimuler la découverte de nouveaux gisements.
Pour s’imposer, Abidjan devra non seulement accélérer la cadence en matière de production industrielle d’or – et peut compter à cet effet sur les nouvelles mines en construction (Doropo, Koné et bientôt Assafou) – mais aussi continuer d’attirer des investissements dans l’exploration.
L’autre levier à examiner pour augmenter la production nationale est une meilleure régulation du secteur artisanal, afin d’intégrer des volumes qui continuent d’échapper aux autorités. Selon l’organisation SWISSAID, la production d’or non déclarée en Côte d’Ivoire se situerait entre 30 et 40 tonnes ces dernières années, incluant l’orpaillage et certaines mines à petite échelle.




















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