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Agence Ecofin
Hier Dernière mise à jour le Mercredi 24 Décembre 2025 à 07:19

Au Mozambique, les cyclones et les violences ont déplacé 1,3 million de personnes depuis 2024, menaçant la sécurité alimentaire d’un pays où l’agriculture emploie 70% de la population active. Face à ces chocs climatiques récurrents, des opportunités émergent pour développer une agro-industrie résiliente, combinant innovation technologique et diversification des cultures.

 Catastrophes climatiques et exode rural

Les cyclones comme Idai (2019) ou Freddy (2023), amplifiés par le changement climatique, ravagent les régions côtières et centrales du Mozambique, détruisant récoltes de manioc, maïs et riz – piliers de l’alimentation locale. Ajoutée à cela, l’insécurité dans le nord (Cabo Delgado), liée à l’insurrection jihadiste, a forcé plus d’un million de déplacés internes, dont beaucoup dépendent de l’aide humanitaire pour survivre. Ces crises aggravent la vulnérabilité : 40% de la population souffre d’insécurité alimentaire chronique, avec une production agricole en baisse de 15% ces dernières années.

Les déplacements massifs rompent les chaînes d’approvisionnement locales, surchargeant les marchés urbains comme Maputo et Beira, où les prix des denrées de base flambent. L’agriculture de subsistance, pratiquée sur des sols appauvris et sans irrigation, peine à rebondir face à des pluies erratiques et des inondations répétées.

Vers une agro-industrie résiliente

Malgré ces défis, le Mozambique mise sur une modernisation agro-industrielle pour transformer la crise en opportunité. Des projets pilotes intègrent des variétés résistantes à la sécheresse (maïs hybride, sorgho) et des systèmes d’irrigation solaires, soutenus par des bailleurs comme la Banque mondiale et l’Union européenne. Dans la vallée du Zambeze, des usines de transformation de fruits tropicaux (ananas, mangues) et de noix de cajou – déjà 2e exportation mondiale – créent des emplois stables et réduisent les pertes post-récolte estimées à 30%.

L’agro-industrie cible aussi les cultures à haute valeur ajoutée : la culture du soja et des arachides s’étend sur 500 000 hectares, avec des partenariats public-privé pour des unités de trituration. À Nampula, des coopératives de femmes transforment le manioc en farine enrichie, boostant les revenus locaux de 25% et favorisant le retour des déplacés via des micro-crédits.

Perspectives et financements

Pour scaler ces initiatives, le gouvernement vise 2 milliards USD d’investissements verts d’ici 2030, via le Fonds d’adaptation climatique africain. Des zones agro-industrielles spéciales, comme à Nacala, attirent des investisseurs sud-africains et indiens pour des chaînes de valeur complètes : de la graine à l’export emballé. Cette résilience pourrait non seulement absorber les chocs climatiques, mais doubler les exportations agricoles d’ici 5 ans, passant de 1,5 à 3 milliards USD annuels.

Reste à surmonter les obstacles : accès au crédit pour les petits exploitants (taux d’intérêt à 20%) et infrastructures défaillantes. Un modèle résilient émerge néanmoins, où l’agro-industrie n’est plus une menace pour les petits paysans, mais un levier de souveraineté alimentaire face aux cyclones et à la violence.

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