Pays essentiellement forestier (environ 85 % du territoire), le Gabon a séquestré 3,4 millions de tonnes de CO2 supplémentaires, en 2016 et 2017.
Dans une interview parue le 26 octobre sur Aljazeera, Lee White, le ministre en charge des Forêts au Gabon, a confirmé et expliqué pourquoi le pays veut monétiser à 5 milliards de dollars (près de 3 000 milliards FCFA), dans les semaines à venir, sa séquestration de carbone .
« C’est la nécessité d’investir durablement dans ces forêts afin que les forêts créent des emplois et des moyens de subsistance pour le peuple gabonais. La possibilité d’utiliser cette absorption nette comme une matrice très simple […] dans la lutte contre le changement climatique pourrait potentiellement financer des pays comme la République démocratique du Congo pour changer leur voie [vers le changement climatique] », a déclaré le membre du gouvernement.
Et d’ajouter : « Au Gabon, nous ne pouvons pas simplement arrêter d’utiliser la forêt, je ne pense pas que nous en ayons besoin. Nous pouvons continuer à faire de la foresterie, à créer des emplois et à maintenir ce stock de carbone aussi élevé qu’il est, mais cela coûte de l’argent et des investissements. Il y a donc des coûts à cela et si le carbone peut compléter ce que nous faisons déjà, cela pourrait potentiellement faire une grande différence ».
Les organismes spécialisés expliquent qu’un crédit carbone équivaut à l’émission d’une tonne de dioxyde de carbone. Il permet à son détenteur d’émettre davantage de gaz à effet de serre (par rapport au taux en vigueur fixé par le protocole de Kyoto).
Ces crédits carbones sont attribués aux Etats ou aux entreprises qui participent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, chaque pays ou entreprise reçoit un quota d’émissions de gaz à effet de serre, un « permis de polluer », en quelque sorte. Si l’entité émet moins de CO2, elle peut revendre ses quotas non utilisés à une autre plus polluante, ou les garder pour l’année suivante.
Dans le cas du Gabon, le pays séquestre annuellement l’équivalent de 140 000 tonnes de dioxyde de carbone, alors qu’il n’en émet que 35 000. Ainsi, fort d’une différence de plus de 100 000 tonnes de carbone chaque année, le Gabon peut vendre son crédit carbone à un organisme plus pollueur. Le Gabon a déjà vu ses efforts récompensés en juin dernier par la Norvège, rappelle Le Nouveau Gabon.
Ce pays européen a décidé de lui octroyer un financement de 17 millions de dollars (environ 9,6 milliards FCFA) pour son engagement en faveur de la protection de ses forêts. Cette enveloppe est la contrepartie du carbone supplémentaire séquestré entre 2016 et 2017, grâce aux mesures mises en œuvre au Gabon dans le but de lutter contre la déforestation.
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