Le rapport national sur le climat et le développement souligne toutefois que la mise en œuvre de mesures d’adaptation peut réduire presque de moitié les pertes économiques dues au dérèglement climatique, en les ramenant à moins de 8 % du PIB d’ici la moitié du siècle.
Le changement climatique pourrait réduire le produit intérieur brut (PIB) réel de la Côte d’Ivoire 13 % d’ici 2050 et empêcher 1,63 million de personnes d’échapper à la pauvreté si des mesures énergiques d’adaptation ne sont pas prises par les autorités, selon un rapport publié fin octobre dernier par la Banque mondiale.
Intitulé « Côte d’Ivoire – Rapport national sur le climat et le développement », le rapport indique que les effets néfastes du dérèglement du climat sur les différents secteurs d’activité économique pourraient ainsi empêcher ce pays d’Afrique de l’Ouest de réaliser son ambition d’accéder au statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure à l’horizon 2030.
Les modèles climatiques actuels prévoient qu’à l’horizon 2050, les températures augmenteront de 1 à 4°C dans le pays, alors que le niveau des mers s’élèvera de 30 cm et les précipitations seront de plus en plus irrégulières, avec un décalage du début et de la fin de la saison des pluies. D’autres risques, tels que les dérèglements de la mousson ouest-africaine, ne peuvent être pris en compte par les modèles climatiques, ce qui accroît l’incertitude.
Dans ce contexte, le changement climatique affectera l’économie ivoirienne principalement par le biais de changements de la productivité de la main-d’œuvre, de l’augmentation des coûts de réparation des immobilisations et de la baisse des rendements agricoles.
Les incidences des températures moyennes plus élevées sur le stress thermique subi par les travailleurs, sur la santé humaine et sur la disponibilité de l’eau ont tous un impact négatif la productivité de la main-d’œuvre.
Le stress thermique affecte également l’apprentissage et pèse sur l’accumulation de capital humain. Les inondations, l’élévation du niveau de la mer et l’érosion côtière affectent, quant à elles, l’utilisation et la disponibilité des biens d’équipement.
Des baisses des rendements agricoles allant jusqu’à 30%
D’autre part, la réduction de la production de cultures pluviales pourrait atteindre 16 % d’ici à 2050. A cet horizon, le riz, la banane plantain et le manioc pourraient connaître les plus fortes baisses potentielles des rendements, soit 30% d’ici à 2050 dans le scénario de climat « sec et plus chaud ». La production de cacao, principale culture d’exportation de la Côte d’Ivoire, devrait également connaître une baisse significative de 15 % d’ici la moitié du siècle, selon ce même scénario.
En outre, les centres urbains, qui sont des pôles économiques, sont exposés aux dommages climatiques subis par les infrastructures et aux pertes considérables de moyens de subsistance subies par les populations démunies vivant dans des communautés à faibles revenus.
Le rythme de la réduction de la pauvreté devrait ralentir considérablement d’ici à 2050
Dans le cadre d’un scénario sans impact climatique, le taux de pauvreté devrait passer de 39 % en 2020 à 16,7% en 2050. Cependant, si la Côte d’Ivoire ne met pas en œuvre des mesures d’adaptation, les effets du changement climatique perturberont considérablement cette trajectoire. Dans le scénario de climat « sec et plus chaud », le taux de pauvreté ne devrait baisser qu’à un niveau 23,4 % d’ici 2050, soit 7 points de pourcentage de plus que les projections sans impact climatique.
Au regard de l’ampleur de ces pertes économiques et sociales qui pourraient découler du changement climatique, le rapport indique que le statu quo n’est plus une option pour assurer une croissance économique durable en Côte d’Ivoire et appelle à une action urgente.
Les mesures d’adaptation peuvent réduire les pertes
Des investissements dans des mesures d’adaptation appropriées, comme la construction de nouvelles infrastructures adaptées à l’élévation prévue du niveau de la mer et leur implantation loin des zones inondables, l’adoption d’une agriculture résiliente au changement climatique (diversification des cultures, nouveaux modes d’irrigation et utilisation de variétés de cultures tolérantes à la chaleur, etc.) ou encore l’augmentation du recours à la climatisation pour la main-d’œuvre à l’intérieur des bâtiments à mesure que l’économie évolue vers une structure plus pourvoyeuse d’emplois formels dans les services et la manufacture, peuvent réduire presque de moitié les pertes économiques dues au changement climatique, en les ramenant à entre 3 et 8 % du PIB d’ici 2050.
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