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Agence Ecofin
12 décembre 2023 Dernière mise à jour le Mardi 12 Décembre 2023 à 07:00

Le rapport souligne que l’agriculture sera le secteur qui devrait subir le plus les contrecoups du dérèglement du climat, avec des baisses des rendements pouvant aller jusqu’à 50 % et une forte augmentation des pertes post-récolte.

Les pertes économiques dues au changement climatique au Nigeria pourraient atteindre 460 milliards de dollars d’ici 2050 si des mesures urgentes d’adaptation ne sont pas prises par les autorités, selon un rapport publié le 5 novembre par le think tank local Agora Policy en collaboration avec la fondation philanthropique américaine MacArthur Foundation.

Intitulé « Climate change and socio-economic development in Nigeria », le rapport indique le pays le plus peuplé du continent subit déjà de plein fouet les effets du dérèglement climatique malgré sa faible contribution aux émissions mondiales de gaz à effets de serre.

Dans toutes les régions du pays, les événements climatiques extrêmes comme les sécheresses, les inondations, les épisodes de canicules et les feux de forêt provoquent des pénuries d’eau, alimentent la désertification, accélèrent l’érosion des côtes, endommagent les infrastructures, diminuent les récoltes et augmentent la charge de morbidité et l’intensité de la pauvreté, provoquant au passage des pertes de revenus pour les États et le gouvernement fédéral.

Les pertes économiques liées au changement climatique ont déjà atteint environ 100 milliards de dollars à fin 2020. Mais le tribut à payer pourrait être nettement plus élevé durant les prochaines décennies si les autorités ne mettent pas en place un éventail de mesures d’adaptation visant à renforcer la résilience de l’économie face à la nouvelle réalité climatique.

Les projections climatiques montrent que le Nigeria sera confronté à une augmentation significative des températures allant de 2,9°C à 5,7°C d’ici 2100, en fonction des différents scénarios climatiques.  

Les températures nocturnes, qui sont actuellement comprises entre 20°C et 27°C, pourraient augmenter de 4,7°C d’ici la fin du siècle en cours.

Outre l’affolement du mercure, les effets du réchauffement climatique se manifesteront par la variabilité des précipitations, l’élévation du niveau de la mer et l’augmentation de la fréquence ou de l’intensité de certains phénomènes météorologiques extrêmes tels que les pluies diluviennes et les sécheresses.

secheresse

Des baisses des rendements agricoles allant jusqu’à 50% 

Bien qu’il soit difficile de calculer avec précision le coût économique du changement climatique, le rapport souligne que les estimations les plus récentes indiquent que la première puissance économique du continent pourrait perdre entre 6% et 30% de son PIB d’ici la moitié du siècle, si elle ne prend pas des mesures énergiques pour s’adapter au changement climatique et atténuer ses effets néfastes sur l’économie. Cela correspond à un montant allant de 100 à 460 milliards de dollars.

En outre, le pays pourrait perdre des « milliers de milliards » de dollars sous forme d’actifs pétroliers, gaziers et même industriels échoués au fur et à mesure que le monde progressera vers la neutralité carbone.

Le secteur qui devrait subir le plus les effets néfastes du dérèglement climatique reste cependant l’agriculture. Les événements climatiques extrêmes pourraient entraîner une baisse moyenne de 10 à 25 % des rendements agricoles. Et dans le nord du pays où l’agriculture est essentiellement pluviale, cette baisse des rendements pourrait atteindre 50 %.

La hausse attendue des températures rendra également le stockage des denrées alimentaires plus difficile pour les agriculteurs qui n’ont pas accès à des entrepôts frigorifiques, ce qui augmentera le niveau déjà élevé des pertes post-récolte.

Le changement climatique pourrait également provoquer une baisse de 25 % de la quantité d’eau disponible au Nigeria d’ici 2050. Cela affectera considérablement l’approvisionnement en eau potable ainsi que les secteurs de l’agriculture de l’industrie.

Sur un autre plan, l’élévation attendue du niveau de la mer est susceptible d’aboutir à un recul du trait de côte de 100 à 600 mètres, ce qui pourrait conduire à la disparition d’environ 75 % du Delta, un Etat situé dans le sud du pays sur le delta du Niger.

Pour faire face à ces menaces, le rapport recommande aux autorités nigérianes d’investir massivement dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, de promouvoir une agriculture intelligente et résiliente au changement climatique, d’encourager la transition vers une industrie verte et d’exploiter dès à présent les revenus tirés des ressources naturelles pour financer l’adaptation au changement climatique et le renforcement des systèmes de réduction des risques de catastrophe.

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