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#Environnement #Investissements #Afrique
Agence Ecofin
Aujourd'hui Dernière mise à jour le Mardi 5 Août 2025 à 06:53

Face à la baisse des financements publics, le Fonds pour l’environnement mondial veut lancer des obligations biodiversité pouvant mobiliser jusqu’à 1,5 milliard $ pour protéger les espèces menacées et écosystèmes fragiles à travers les 54 pays africains.

Le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) ambitionne de financer la protection de la faune dans l’ensemble du continent africain via des obligations pour la faune. Le principe veut que des investisseurs privés apportent des fonds, et les remboursements dépendent des résultats obtenus en matière de conservation comme la réduction du braconnage, la stabilisation des populations animales, etc. Plus les résultats sont bons, moins les gouvernements ont à rembourser.

L’initiative a déjà été testée avec succès pour les rhinocéros en Afrique du Sud, les chimpanzés au Rwanda ou les lémuriens à Madagascar. Le FEM veut désormais passer à l’échelle continentale, avec un investissement initial de 150 millions $ devant permettre de mobiliser jusqu’à 1,5 milliard $ via un effet de levier.

Le projet s’inscrit dans un moment de forte incertitude pour les financements environnementaux. Le retrait progressif de certains donateurs, dont les États-Unis, remet en cause plusieurs programmes de préservation des espèces. À cela s’ajoutent les contraintes budgétaires croissantes.

Dans ce contexte, les obligations pour la biodiversité apparaissent comme une solution attractive pour les pays africains. Le financement est hors bilan, donc ne pèse pas sur la dette publique, et mobilise des investisseurs spécialisés attirés par des espèces emblématiques et des résultats mesurables.

L’ambition du FEM ne se limite pas aux espèces phares. À terme, les obligations pourraient couvrir des écosystèmes entiers, comme les zones humides, les mangroves ou les forêts tropicales, a précisé Fred Boltz, responsable de la programmation au FEM, dans un échange avec Reuters. Le FEM, qui a déjà investi 7,7 milliards $ en Afrique, notamment dans la lutte contre la désertification au Sahel, espère inscrire ce type d’instrument dans son prochain cycle quadriennal de financement.

La dernière reconstitution de ses ressources avait permis de lever 5,3 milliards $ auprès de 29 pays, dont 700 millions $ apportés par les États-Unis. Mais rien ne garantit que ce niveau soit maintenu, vu la nouvelle politique américaine de retrait des aides. Pour de nombreux pays africains, les obligations biodiversité pourraient donc représenter l’un des rares financements prévisibles pour la conservation, à condition de structurer rapidement les projets, de choisir des espèces ou territoires stratégiques, et de convaincre les investisseurs.

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