Le vent de la reprise souffle sur le marché des capitaux, et l’Afrique souhaite tirer profit de l’avantage que lui a donné une année 2020 marqué par la baisse des taux. Mais la prudence est conseillée, car la période des taux favorables pourrait s’arrêter.
Les entreprises, gouvernements et institutions supra-étatiques d’Afrique subsaharienne ont mobilisé 12,1 milliards $ sur le marché international des capitaux au cours des trois premiers mois de 2021, apprend-on de Refinitiv, la base des données des opérations de marché de Reuters.
Ce montant est en hausse de 36% par rapport à celui de la même période en 2020, et c’est la valeur des émissions internationales africaines la plus importante pour un trimestre, depuis 2018.
Après un démarrage optimiste en 2020, le monde a été immobilisé fin mars par la covid-19. Ses effets n’étant connus de personne et imprévisibles, l’ensemble des analystes avaient craint une hécatombe sanitaire et économique dans la région, se basant sur les conséquences en série qu’on percevait déjà dans les marchés plus développés.
Par précaution, les investisseurs ont pris des décisions qui ont accru les taux d’intérêt pour l’Afrique subsaharienne, réduisant ainsi la capacité à émettre.
Mais les choses ont évolué différemment et tandis que les économies occidentales sont restées sur une inflation basse, des prévisions de croissance faible, les taux d’intérêt sur les titres de dette ont stagné pour certains, et même plongé en zone négative pour d’autres.
Les titres d’Afrique subsaharienne ont donc constitué une niche de gains pour certains investisseurs et la forte demande de ses titres d’emprunt a conduit à un repli des taux d’intérêt potentiels.
Cette tendance s’est poursuivie début 2021, année de la reprise post-covid-19, et plusieurs pays notamment le Ghana, la Côte d’Ivoire, ou encore le Bénin ont profité du contexte pour de nouveau solliciter le marché international des capitaux.
Avec un total de 7,4 milliards $ mobilisés, le mois de mars 2021 est ressorti comme le plus dynamique depuis 2018. Ce nouvel engouement de l’Afrique subsaharienne pour les émissions d’obligations internationales a surtout profité à Standard Chartered Bank.
Le groupe financier international a très souvent été sollicité pour arranger les opérations, et travailler sur 7 opérations d’emprunt sur le marché des capitaux pour un montant levé de 1,4 milliard $.
Il a empoché au passage un peu plus de 4,6 millions $ de frais de commissions. Malgré une reprise plus qu’espérée aux Etats-Unis qui abrite le plus important marché de la dette (29 000 milliards $) au monde, l’Afrique devrait continuer d’intéresser les investisseurs dans les cinq prochaines années.
Le marché chinois de la dette est en train de se calmer et en Europe, on sort difficilement des défis structurels qui existaient déjà bien avant la pandémie.
L’Afrique subsaharienne aura besoin de plus de 100 milliards $ pour refinancer sa dette. Le risque serait que les taux d’intérêt repartent à la hausse, et que pour refinancer des emprunts à bas taux, le continent soit obligé d’emprunter plus cher.
Réagissez à cet article