medicament
#Actualite #Medicaments #Sante #Afrique
Agence Ecofin
2 juin 2021 Dernière mise à jour le Mercredi 2 Juin 2021 à 10:34

La Fondation Brazzaville, ONG engagée pour la paix, l’environnement et la santé en Afrique, a réuni un panel d’experts de haut niveau lors d’une conférence en ligne tenu le 25 mai dernier, sur le thème de « la COVID-19 et les risques croissants de produits pharmaceutiques de qualité inférieure et falsifiés en Afrique, une question de santé publique et de sécurité », à l’occasion de la 74ème Assemblée mondiale de la Santé et de la Journée de l’Afrique.

Ont participé à cet échange de deux heures, modéré par Richard Amalvy, Directeur général de la Fondation Brazzaville, des personnalités de haut niveau en matière de politique de santé publique et de sécurité.

Parmi elles, le Pr Moustafa Mijiyawa, ministre de la Santé du Togo, Illiassou Idi Mainassara, Ministre de la Santé du Niger, Michel Sidibé, Envoyé spécial de l’Union africaine pour l’Agence africaine du médicament, Fatoumata Binta Diallo, Représentante résidente de l’OMS au Togo, ou encore l’ancien juge français spécialisé dans la lutte antiterroriste Jean-Louis Bruguière, membre du Conseil consultatif de la Fondation Brazzaville.

« Nous sommes fiers d’avoir pu réunir des intervenants d’un tel niveau pour discuter du trafic croissant de médicaments falsifiés et de qualité inférieure (MFQI) dans le contexte pandémique actuel en Afrique.

Les conséquences de ce trafic constituent un enjeu de santé publique, avec des risques médicaux avérés pour les populations touchées, et de sécurité, compte tenu de son caractère lucratif et informel qui ouvre la voie au financement de multiples activités illégales et criminelles » a déclaré Richard Amalvy, Directeur général de la Fondation Brazzaville.

Structuré en deux parties, avec un premier échange sur les « médicaments falsifiés et de qualité inférieure en Afrique et les leçons tirées de l’état d’urgence du COVID-19 » et un second sur le « trafic de médicaments falsifiés : réduire les activités criminelles et soutenir l’état de droit », ce colloque visait à rappeler dans le débat public africain les dangers posés par les médicaments de qualité inférieure ou falsifiés.

Ce, alors que la pandémie de COVID-19 a favorisé l’émergence de nouveaux défis liés à la chaîne d’approvisionnement pharmaceutique, où circulent des vaccins, des produits thérapeutiques et des diagnostics falsifiés.

Pour rappel, 2 milliards d’individus dans le monde ne disposent pas d’un accès fiable aux médicaments, vaccins et dispositifs médicaux essentiels et sont, de fait, sujets à la consommation de produits de qualité inférieure ou falsifiés.

En Afrique, où ce phénomène est majoritairement présent, ces produits causent près de 100 000 décès par an, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). « Ce trafic est l’un des plus redoutables du monde mais aussi l’un des plus lucratifs.

Or, c’est également une source de financement de domaines d’insécurité comme le terrorisme, auquel est particulièrement sensible le continent africain » a poursuivi le ministre de la Santé de la République du Togo Moustafa Mijiyawa (Pr), rappelant qu’en 2018,« 420 tonnes de faux médicaments ont été saisis en Afrique ».

Un constat qui nécessite de renforcer la préservation de l’intégrité de la chaîne d’approvisionnement en Afrique. Laquelle compte de multiples intermédiaires, avec un risque important de pénétration de produits falsifiés et de qualité inférieure, d’un accroissement des prix, jusqu’à 30 fois plus cher qu’en Europe ou aux États-Unis, selon le Centre pour le développement mondial, en 2019.

Pour lutter contre ce phénomène, la Fondation Brazzaville et les gouvernements des Républiques du Congo, du Ghana, du Niger, de l’Ouganda, du Sénégal et du Togo ont officiellement lancé l’Initiative de Lomé en janvier 2020, lors d’un sommet international réunissant les chefs d’États et leurs représentants à Lomé, au Togo.

Cette initiative historique vise la criminalisation du trafic de médicaments falsifiés et de qualité inférieure, par la signature de multiples conventions internationales – telles que la Convention Medicrime, la Convention des Nations unies contre la corruption dite de Merida et la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée dite de Palerme– et la mise en œuvre de plans nationaux de lutte.

Récemment rejointe par la Gambie, l’Initiative de Lomé bénéficie du soutien de l’Union africaine et de l’Organisation mondiale de la Santé. Par ailleurs, l’Initiative de Lomé soutient la formation de l’Agence africaine du Médicament (AMA), dont la ratification par les États africains du traité, adopté en février 2019 sous l’égide de l’Union africaine (UA), n’a pas encore atteint le seuil permettant sa création (15 États).

Selon l’Envoyé spécial pour l’Agence africaine du médicament auprès de l’Union africaine Michel Sidibé, sa création est essentielle, alors même que « l’Afrique représente 17% de la population mondiale (1,3 milliards d’individus), 25% de la morbidité mondiale mais seulement 3% de la production mondiale des médicaments consommés et quasiment aucun des vaccins produits ».

Des chiffres qui font de la question de l’accessibilité du médicament, des vaccins et de la maîtrise de leurs chaines de production et d’approvisionnement un enjeu central pour la survie des populations africaines – tel que l’ont rappelé l’ensemble des intervenants lors de cette conférence dont la rediffusion devrait être mise en ligne prochainement par la Fondation.

Réagissez à cet article

Vos commentaires

Rejoignez la discussion

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *