Depuis février, l’Ethiopie essaye d’obtenir de ses créanciers du G20 et du Club de Paris, un reprofilage de sa dette, suivant le « cadre commun » annoncé par ces pays en 2020. Le FMI qui pilote un programme de réformes de l’économie du pays tente de faire pression pour une accélération du processus.
Le FMI met la pression sur les créanciers extérieurs de l’Ethiopie afin qu’ils trouvent une solution rapide à la dette du pays. C’est ce qu’a annoncé Gerry Rice, porte-parole de l’institution, dans un communiqué rendu public le 6 juillet 2021. Dans sa déclaration, le responsable appelle les créanciers du G20 et du Club de Paris à donner suite aux sollicitations d’Addis-Abeba concernant l’opération de reprofilage de sa dette.
Cette demande s’inscrivant dans le « cadre commun » du G20 mis en place pour soulager les pays pauvres en difficulté face à la pandémie de covid-19 avait été formulée en février dernier, mais ne semble toujours pas avoir été approuvée par les créanciers du pays du négus.
« Le FMI encourage vivement la formation rapide du comité des créanciers pour l’Ethiopie afin de permettre la mise en œuvre en temps voulu de l’opération de gestion de la dette que le pays demande », a indiqué Gerry Rice dans son communiqué.
Et d’ajouter : « l’objectif des autorités est de créer un espace budgétaire pour les dépenses de développement et d’abaisser le risque de notation de surendettement à modérer en reprofilant les obligations de service de la dette. La formation du comité aidera le pays à cet égard ».
C’est en novembre 2020 que le G20 avait annoncé la mise en place de ce cadre commun sur une restructuration de la dette des pays pauvres qui se fera « au cas par cas », et impliquera les créanciers privés ; une exigence qui avait d’ailleurs été mal perçue par les agences de notation.
Ainsi, l’annonce des autorités éthiopiennes de rejoindre le programme mis en place quelques mois après l’adoption d’une initiative de suspension du service de la dette en faveur des pays pauvres avait entraîné une dégradation de sa note souveraine par l’agence de notation S&P Global Ratings de B à B-.
Cette réaction avait d’ailleurs alimenté la réticence de plusieurs pays du continent concernant ce programme. Alors qu’elle fait face à une crise sécuritaire interne sur fond de tensions avec son voisin soudanais, l’Ethiopie qui a également dû faire face à la crise de covid-19 a vu la problématique de sa dette être ces dernières années au centre des questionnements sur les dettes africaines, notamment envers la Chine.
Même s’il estime que la dette du pays est viable, le FMI qui a récemment approuvé un accord de facilité élargie de crédit (FEC) et de mécanisme élargi de crédit (MEDC) en sa faveur avait appelé les autorités à accélérer les réformes destinées à améliorer la gestion de sa dette pour les prochaines années.
« Un reprofilage du service de la dette dans les années à venir sur une période plus longue permettra d’atteindre un risque modéré de surendettement, d’ici la fin du programme soutenu par le Fonds », avait ainsi indiqué en avril Abebe Aemro Selassie, directeur du département Afrique du FMI. Pour l’heure, avec l’Ethiopie, seuls deux autres pays africains (le Tchad et la Zambie) ont souhaité intégrer ce programme.
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